Mithly, la revue qui enflamme les islamistes

Pour son deuxième numéro, la revue gay « Mithly » passe des kiosques à la Toile. Mais la naissance de ce nouveau média indispose les partisans de la charia.

Au Maroc, la nouvelle revue gay « Mithly » ne se fait pas que des amis. © AFP

Au Maroc, la nouvelle revue gay « Mithly » ne se fait pas que des amis. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 14 mai 2010 Lecture : 2 minutes.

N’en déplaise aux islamistes marocains, la première revue homosexuelle en ligne est lancée dans le royaume chérifien ce samedi 15 mai. Son nom, Mithly, repose sur un jeu de mot arabe signifiant à la fois « homo » et « comme moi ». « Le premier numéro de notre revue est paru il y a un mois en format papier, mais ce deuxième numéro sera électronique, ainsi que les suivants », explique l’un des fondateurs, Samir Bargachi, coordinateur de l’association homosexuelle Kif-kif ( « pareil », en arabe).

Les 200 premiers exemplaires, distribués sous le manteau, avaient rapidement été écoulés. « En éditant le premier numéro en format papier, notre objectif était de marquer le coup par un acte symbolique fort », explique Samir Bargachi. Mithly est désormais « confectionné sur internet à partir du Maroc par une dizaine de collaborateurs à Rabat et Casablanca. Elle est consultable sur les sites www.gaymaroc.net et www.mithly.net », précise-t-il.

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Incertitudes juridiques

L’entreprise est risquée. Ne serait-ce qu’en vertu de la loi : selon l’article 489 du code pénal, « les actes licencieux ou contre-nature avec un individu du même sexe » sont passibles de six mois à trois ans d’emprisonnement. En plus, « la création en format papier de cette revue ne repose sur aucun fondement juridique puisque les autorités n’ont reçu aucune demande légale d’impression ou de diffusion au Maroc », a confié à l’AFP un responsable du ministère de la Communication, tout en évitant de se prononcer sur la version internet.

Les initiateurs de Mithly sont donc prudents. Le serveur qui abrite le site web est au Maroc et n’est pas censuré. Pour l’instant, le succès est au rendez-vous : le site a enregistré plus d’un million de clics en trois semaines. Mais la réaction des autorités, soucieuses du respect des libertés comme du maintien de l’ordre public, dépendra vraisemblablement du rapport de forces qui s’instaurera entre les défenseurs de la revue et les islamistes.

Elton John au cœur de la polémique

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Or, la tension est encore montée d’un cran ces dernières semaines avec l’appel du Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste) à « interdire la participation » du chanteur homosexuel Elton John au Festival Mawazine, organisé à Rabat du 21 au 29 mai avec, entre autres, Julio Iglesias, Mika, BB King et Carlos Santana. La programmation du chanteur anglais a été maintenue par les organisateurs qui ont estimé que la « vie privée d’Elton John » ne les « concernait pas ».

« Le sujet qui dominera le deuxième numéro de Mithly sera un plaidoyer en faveur de la participation d’Elton John à Rabat. Mais il y en aura d’autres, qui ne sont pas forcément liés à l’homosexualité », a indiqué un collaborateur de la revue qui a préféré garder l’anonymat. Et jusqu’à présent, les autorités gardent – de loin – un œil assez bienveillant sur la revue. « Le Maroc est un pays musulman tolérant. La participation d’Elton John en est l’illustration. L’homosexualité est une pratique universelle », assure un responsable marocain. Sous couvert de l’anonymat… (avec AFP)

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