« Bubo » fait son show

Revenu aux affaires à la faveur de la mutinerie du général Antonio Indjai, le 1er avril, José Américo Bubo Na Tchuto était entendu, jeudi 13 mai, par un tribunal militaire de Bissau au sujet des accusations de coup d’État qui pèsent sur lui depuis 2008. Retour sur un personnage haut en couleur dont le parcours éclaire les enjeux de la démocratisation en Guinée-Bissau.

Le contre-amiral José Américo Bubo Na Tchuto, dit « Bubo ». © AFP

Le contre-amiral José Américo Bubo Na Tchuto, dit « Bubo ». © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 14 mai 2010 Lecture : 2 minutes.

L’ex-chef de la Marine bissau-guinéenne, le contre-amiral José Américo Bubo Na Tchuto, dit « Bubo », peut rouler des mécaniques. Depuis que le chef d’état-major des armées, le général José Zamora Induta, a été renversé par son adjoint, le général Antonio Indjai, c’est de nouveau l’un des hommes forts du pays. « Bubo » se pavane et vaque à ses affaires librement, à travers tout le pays. Il circule à bord d’un gros 4X4, entouré d’une garde raprochée armée jusqu’aux dents que l’état-major lui fournit.

L’homme, dont presque tous les rapports internationaux sur le narcotrafic en Guinée-Bissau (celui de la cocaïne principalement) citent le nom, revient de loin. En 2008, il s’était réfugié pendant dix-huit mois en Gambie, après avoir été accusé en août par l’armée de tentative de coup d’État et de trafic de drogue. La mort de son « ennemi » juré, le chef d’état-major des armées, Batista Tagmé Na Waie, tué dans un règlement de compte qui a également coûté la vie au chef de l’État João Bernardo Vieira, en mars 2009, avait mis fin à son exil. Du moins en partie seulement.

la suite après cette publicité

Mettre les formes

Il était rentré clandestinement à Bissau, fin 2009, et – comble de l’ironie – avait trouvé refuge dans les locaux l’organisation des Nations unies, à laquelle il demandait protection. Pour en ressortir de lui-même, quand le général Indjai, dont il est très proche, et les mutins sont venus l’y chercher, le 1er avril dernier. Un retour aux affaires que les États-Unis ne voient pas d’un bon œil. Ils ont, depuis, gelé tous ses avoirs outre-Atlantique.

Mais le vernis démocratique dont le pays commence à s’enduire oblige « Bubo » à mettre les formes. C’est donc de bonne grâce, et sur les conseils de son ami le président Malam Bacai Sanha, qu’il s’est présenté devant le tribunal militaire de Bissau, le 13 mai, pour s’expliquer au sujet des accusations de coup d’État qui pèsent sur lui depuis 2008.

Comme un producteur de Hollywood

la suite après cette publicité

À la sortie du tribunal, « Bubo » est apparu en tenue d’apparat devant une foule de journalistes et de curieux. Sibyllin comme un producteur de Hollywood auquel il ne manquait que le cigare, il s’est contenté de déclarer : « C’est un secret d’État, je ne vous dis rien, je ne peux rien dire de l’affaire pour le moment…» Plus loquaces, ses deux avocats ont affirmé que le dossier d’accusation était « totalement vide » et serait « classé sans suite ».

« Mon client est innocent et il vient de le prouver devant cette juridiction militaire. Le tribunal a reconnu ses erreurs à partir des déclarations de mon client », a ainsi assuré, sans rire, Me Joãozinho Vieira. De son côté, un responsable du tribunal militaire, le colonel Arsène Baldé, s’est montré étrangement évasif. « C’est une audition préliminaire, on va voir si cette affaire va se poursuivre, selon la loi »… « Bubo », quant à lui, a fendu la foule de badauds, l’a saluée d’un geste large, et est reparti dans son 4X4 rutilant avec ses gardes du corps armés jusqu’aux dents. En route vers de nouvelles aventures.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires