Le cas Malema dévoile les divisions de l’ANC
Le leader des jeunes de l’ANC a été condamné par son parti à une peine très modérée au regard des faits qui lui étaient reprochés. Explication : le parti est divisé et déjà en proie à des luttes intestines pour la succession du président Zuma.
![Julius Malema prononçant un discours, le 3 avril 2010 à Harare (Zimbabwe). © AFP](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2010/05/13/013052010144157000000malemaaa.jpg)
Julius Malema prononçant un discours, le 3 avril 2010 à Harare (Zimbabwe). © AFP
Julius Malema, puni comme un vilain garçon. Mais la leçon suffira-t-elle à assagir le turbulent dirigeant de la Ligue de la jeunesse de l’ANC ? Rien n’est moins sûr, tant la sanction que vient de lui infliger, pour ses nombreuses incartades, le conseil de discipline du Congrès national africain (ANC) illustre la faiblesse du président Jacob Zuma vis à vis de celui qui, en 2008, se déclarait "prêt à tuer » pour lui.
Julius Malema a pourtant été reconnu coupable d’avoir porté atteinte à la crédibilité du chef d’Etat sud-africain. Il a été condamné à une amende de 10 000 rands (1 000 euros) qui ira financer un projet d’aide à la jeunesse. Il devra également suivre des cours à l’école politique de l’ANC ainsi qu’ une thérapie pour contrôler son tempérament colérique. Il a dû, enfin, présenter ses « excuses au président de l’ANC et de la République ». « Je reconnais que [mes] déclarations (…) auraient pu mettre en cause la confiance de notre peuple dans la direction de l’ANC », a-t-il concédé. Presque du bout des lèvres.
Règlement de compte Zuma-Malema
Les sanctions envers Malema paraissent assez modérées au regard de la gravité des faits qui lui étaient reprochés. Le jeune homme n’avait par exemple pas hésité à critiquer Jacob Zuma, qui préside également l’ANC, après que celui-ci l’eut réprimandé publiquement pour ses déclarations « étrangères à la culture » du parti. Habitué des déclarations racistes, Malema a multiplié les provocations ces dernières semaines.
Il avait, entre autres, soulevé une polémique il y a deux mois en reprenant un chant de la lutte anti-apartheid qui appelle à « tuer les Boers » (fermiers blancs). Au Zimbabwe, il avait ensuite pris parti pour le président Robert Mugabe, alors que l’Afrique du Sud est censée conduire une médiation régionale pour faire fonctionner le gouvernement d’union chancelant de Harare. Puis, début avril, en pleines tensions raciales à la suite du meurtre d’Eugène Terreblanche, un responsable extrémiste blanc, il avait ignoré les appels à la mesure du président. Il avait par exemple qualifié un journaliste de la radio britannique BBC de « salopard » doté d’une « tendance de Blanc (…) à attaquer les Noirs ».
La guerre de succession est ouverte
Malgré ces propos contraires à la ligne de l’ANC forgée par Nelson Mandela lui-même, le conseil de discipline de l’ANC a fait preuve de retenue. Dès sa première audience, les principaux ennemis de Malema ont été écartés. Il a renoncé à certaines charges qui auraient pu valoir au jeune homme de 29 ans d’être exclu du parti. Explication : la condamnation recherchée « visait avant tout à permettre au président de sauver les apparences », estime Aubrey Matshiqi, du Centre d’études politiques à Johannesburg. Et le conseil de discipline a cherché à « conclure cette affaire de façon à ne pas accroître les divisions au sein du parti. »
Un parti, l’ANC, où la lutte pour l’après Zuma semble déjà ouverte, un an à peine après l’élection de ce dernier à la tête du pays. C’est en tout cas l’avis de la chercheuse Susan Booysen, de l’Université de Witwatersrand. Dans un contexte de crise économique où les Noirs paient toujours le plus de pots-cassés, la Ligue de la jeunesse fait valoir « son pouvoir de mobilisation, surtout dans la perspective de la bataille de succession », souligne-t-elle.
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