L’opposition en débandade
Mercredi 12 mai, les instances dirigeantes du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) ont décidé de ne pas maintenir la grande manifestation prévue le 15 mai. Une mesure qui ne fait pas l’unanimité au sein de la coalition.
Après 72 heures de chaudes discussions et de tractations, l’opposition ivoirienne a finalement décidé, mercredi 12 mai, du report de la grande marche de protestation prévue le 15 mai dans tout le pays et, notamment, sur la place de la République d’Abidjan, à deux pas de la présidence.
L’objectif de cette marche était de faire pression sur le président Laurent Gbagbo et son Premier ministre Guillaume Soro, afin d’obtenir le déblocage du processus électoral, dont la reprise avait été annoncée pour le 10 mai, et d’exiger la date de l’élection présidentielle. Dans une déclaration lue à la résidence du président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Henri Konan Bédié, le secrétaire général du PDCI, Alphonse Djédjé Mady, a annoncé que le report ne devait pas être interprété comme une reculade, mais comme une décision de bon sens, « le risque d’affrontements et de pertes en vie humaine » en cas de manifestations étant trop fort.
L’opposition divisée
Ce renoncement a cependant créé un grand malaise au sein du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), la coalition d’opposition regroupant quatre partis politiques : le PDCI, le Rassemblement des républicains (RDR) de l’ancien Premier ministre Alassane Dramane Ouattara, l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’ivoire (UDPCI) de Mabri Toikeusse et le Mouvement des forces pour l’avenir (MFA ) d’Innocent Anaky Kobenan. Car seuls Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara ont signé le communiqué du report de la manifestation…
Les tiraillements au sein du RHDP sont si vifs que certains militants menacent de désobéir et de descendre dans les rues le 15 mai. Le MFA maintient son mot d’ordre « pour permettre à la population de crier sa détresse et sa misère ». Un groupuscule d’opposants a même manifesté brièvement devant la résidence d’Henri Konan Bédié pour dénoncer l’annulation d’une marche dont l’annonce, il y a plusieurs semaines, avait fait monter la tension d’un cran en Côte d’Ivoire.
Découverte d’une cache d’armes
Les manifestations, prévues à la veille de la tenue, du 27 au 29 mai, des 45e Assemblées générales annuelles de la Banque africaine de développement (BAD), auraient pu dégénérer et remettre en cause l’image du pays alors que celui-ci cherche, justement, à faire revenir le siège de la banque à Abidjan.
Or la capitale économique ivoirienne vit depuis quelques jours dans la crainte des troubles. Les supermarchés et commerces ont été pris d’assaut par la population cherchant à se constituer des réserves. Le pouvoir ivoirien, lui, a eu tendance à voir dans la marche du 15 mai une possible tentative d’insurrection. La découverte d’une cache d’armes, début mai, dans la banlieue abidjanaise d’Anyama, un bastion de l’opposition, avait contribué à alimenter la psychose. Des mesures draconiennes de sécurité ont sonc été prises avec la mise en alerte maximale de toutes les forces de sécurité. Des patrouilles pédestres et motorisées quadrillent la capitale jour et nuit. Selon nos informations, le site de la place de la République devrait être déclaré « zone rouge » et interdit aux manifestants.
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