Nouvel épisode dans l’affaire « Tintin au Congo »

L’éditeur Casterman comparassait mercredi devant la justice belge, dans le cadre du procès pour « racisme » de l’ouvrage « Tintin au Congo ».  Cette nouvelle audience s’est soldée par un report des débats, à la fin du mois.

Mbutu Mondondo Bienvenu pose avec un album de « Tintin au Congo », le 7 août 2007 à Bruxelles. © AFP.

Mbutu Mondondo Bienvenu pose avec un album de « Tintin au Congo », le 7 août 2007 à Bruxelles. © AFP.

Publié le 11 mai 2010 Lecture : 3 minutes.

Nouvelle audience, nouveau report. Devant le tribunal de première instance de Bruxelles, mercredi 12 mai, la juge a reporté les débats sur le fond, fixant au 31 mai une quatrième audience, dans le cadre du procès pour « racisme » de Tintin au Congo.

Un délai qui doit permettre de trancher dles questions de procédure soulevées par Moulinsart, qui conteste la recevabilité de la plainte et demande qu’elle soit portée devant un tribunal de commerce.

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Bienvenu Mbutu Mondondo, un Congolais, a assigné en justice l’éditeur de a célèbre bande dessinée, Casterman, afin d’obtenir le retrait du livre ou, a minima, l’insertion d’un avertissement dans cet ouvrage du Belge Hergé, qu’il estime « raciste » à l’égard des Africains

Le CRAN s’est joint, mercredi, à l’action de M. Mondondo, voulant déposer « en tant que témoin ». Un autre Congolais, Yves Otoka, directeur d’une association de défense des droits de l’homme en RD Congo, s’était aussi porté partie civile, début mai, pour obtenir qu’un bandeau soit inséré à l’album.

Avertir les lecteurs

« Nous comparaîtrons le mercredi 12 mai, après avoir été assignés en tant qu’éditeur et que distributeur », avait déclaré, mardi à l’AFP, la porte-parole des éditions Casterman, Valérie Constant.

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Le plaignant, Bienvenu Mbutu Mondondo, un citoyen de RD Congo résidant en Belgique, « demande que l’album soit retiré de la vente ou, à défaut, qu’un avertissement y soit inséré », avait-t-elle précisé.

Bienvenu Mbutu Mondondo souligne notamment que la version anglaise est distribuée en Belgique avec un bandeau et un préambule de mise en garde contre les « préjugés » que véhiculerait l’ouvrage, mais pas les versions française ou néerlandaise.

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La Commission pour l’égalité raciale (CRE) de Grande-Bretagne a, en effet, obtenu ce double avertissement en juillet 2007. L’album a suscité la controverse dans de nombreux pays.

Loi belge de 1981

Invoquant une loi belge de 1981 réprimant le racisme, M. Mondondo avait entamé une première action en pénal dès l’été 2007 contre Moulinsart S.A., société gérant les droits commerciaux autres que les droits d’édition.

Mais mi-avril, cette procédure n’ayant pas encore débouché, il a intenté une autre action, au civil cette fois, affirmant le caractère « urgent » d’une interdiction de Tintin au Congo, « livre à caractère raciste et insultant pour tous les Noirs ».

La première audience a eu lieu le 28 avril et une autre est prévue mercredi 12 mai, mais les débats sur le fond ne sont pas attendus avant des semaines.

Mme Constant a souligné que, dans la nouvelle procédure, « la position de Casterman est de s’opposer au retrait. Cela fait quatre-vingts ans que cet ouvrage, qui n’est qu’une photographie de sentiments de l’époque, est distribué aussi bien en Europe qu’en Afrique, sans causer de problèmes ».

Un parler « petit nègre »

« Tintin au Congo fait partie du patrimoine mondial de la bande dessinée », a-t-elle déclaré. Quant à insérer un avertissement, « Casterman ne peut pas prendre seul une telle décision, qui touche au droit moral des ayants droits », c’est-à-dire de la veuve d’Hergé, Fanny Rodwell.

Les secondes aventures du célèbre « petit reporter » (après un autre album controversé, Tintin chez les Soviets) avaient commencé à paraître en 1930, à l’apogée de la présence coloniale belge au Congo.
Hergé lui-même, mort en 1983, avait admis qu’il avait présenté les Noirs conformément aux « préjugés » de l’époque, les décrivant comme de « grands enfants ».

L’album avait été profondément remanié en 1946, sur la forme comme le fond, mais sans notamment supprimer le parler « petit nègre », genre « toi y en a bon blanc » et autres « nous y en a bien voir si li sorcier ».

On peut également y voir un père noir en pagne appeler son fils « Boule de neige » ou un villageois plonger sa tête dans le pavillon d’un phonographe pour y chercher la personne qui a parlé, etc.

Aujourd’hui, alors que l’ex-Congo belge va fêter ses 50 ans d’indépendance, Tintin au Congo figure toujours en tête des tirages, y compris en Afrique francophone, aux côtés d’ouvrages plus politiquement corrects comme Tintin et le Lotus bleu, Tintin en Amérique ou On a marché sur la Lune. (avec AFP)

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