Les enfants de Johannesburg craignent la marée blanche

À un mois, jour pour jour, de l’ouverture de la Coupe du monde, associations et travailleurs sociaux de Johannesburg multiplient les initiatives pour sensibiliser les enfants des quartiers pauvres. Car pendant le Mondial, ils n’auront pas classe. Et seront livrés à eux-mêmes et aux dangers de la rue. Même si leur plus grande frayeur est celle du « grand méchant Blanc ».

Les écoles de la capitale sud-africaine seront fermées durant toute la compétition. © DR

Les écoles de la capitale sud-africaine seront fermées durant toute la compétition. © DR

Publié le 11 mai 2010 Lecture : 2 minutes.

Dans tout juste un mois, alors que le monde aura les yeux rivés sur l’Afrique du Sud, où s’ouvrira la Coupe du monde de football, des milliers d’enfants se retrouveront, du jour au lendemain, livrés à eux-mêmes. À Johannesburg, qui accueillera la plupart des rencontres sportives, les écoles seront fermées pendant toute la durée de la compétition. Et les parents quittant leur domicile très tôt pour aller travailler, les plus jeunes risquent fort d’être confrontés à d’importants problèmes de sécurité.

À Soweto, ancien ghetto noir au sud-ouest de la capitale, les animateurs sociaux ont pris le problème à bras-le-corps. Ainsi, le Soul Buddyz Club, un programme de débats animé par et pour les enfants, vise à les sensibiliser aux risques qu’ils peuvent courir pendant le Mondial. L’opération est organisée par Soul City, une ONG épaulée par le Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose et qui, depuis 1996, entreprend de responsabiliser les jeunes en leur inculquant des valeurs, des principes, en les faisant réfléchir, dans un espace de parole qui leur est dédié. Plus de trois mille Soul Buddyz Clubs se réunissent donc un peu partout dans le pays pour aborder des sujets aussi variés que le sida, la sexualité, l’alcool, la drogue, le tabac, les violences ou la criminalité.

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La peur de l’« étranger »

Ce mardi, plus de quarante enfants de Soweto sont réunis dans une bibliothèque. Au menu des discussions, cette interrogation formulée par Zinhle, 12 ans : « Qu’allez-vous faire pendant ces vacances ? » Les enfants réagissent par petits groupes, puis les réponses sont mises en commun et débattues. La plupart de ces écoliers de 8 à 14 ans affirme qu’ils resteront bien sagement à la maison, à regarder les matches des Bafana Bafana, l’équipe nationale. D’autres iront dehors jouer au foot, au tennis. D’autres, encore, comptent profiter de l’occasion pour aller rendre visite à des membres de leur famille. À la seconde question : « Que devez-vous faire pour rester en sécurité ? », les langues se délient. Car ces apprentis citoyens semblent très au fait des dangers de la rue.

Mais, surprise : aujourd’hui, nulle mention n’est faite de la drogue, de l’alcool en libre accès ou des dérapages qui guettent les plus jeunes. Ce qui fait peur aux petits du ghetto, ce sont les « étrangers ». Comprendre, tous les touristes qui viendront envahir Johannesburg un mois durant et qui, à les entendre, constituent une véritable menace : trafic humain, agressions sexuelles, kidnapping… tout y passe.

Pour Solane Mlambo, responsable national du programme des Soul Buddyz Club, le pari du jour a été gagné. Certes, aujourd’hui, les enfants n’ont pas été sensibilisés au sujet classique des excès qui guettent ceux qui grandissent dans un township. Mais ceux qui choisiront de se barricader chez eux pendant la Coupe du monde pour fuir les effrayants Blancs venus se saouler de ballon rond auront, au moins, gagné la paix et la sérénité, pour quelques jours.

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