Les habitants de Jacqueville veulent leur part du gâteau pétrolier

Alors que l’exploitation du pétrole s’intensifie dans la région de Jacqueville, la population réclame avec force une part de la manne pour financer le développement local.

Site de la société ivoirienne de raffinage (SIR), dans le sud d’Abidjan. © Nabil Zorkot

Site de la société ivoirienne de raffinage (SIR), dans le sud d’Abidjan. © Nabil Zorkot

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 7 mai 2010 Lecture : 2 minutes.

La Côte d’Ivoire risque-t-elle de connaître un scénario similaire à celui du delta du Niger ? La récente agitation de la population dans la région de Jacqueville pourrait le laisser craindre.

C’est au large de cette zone côtière située à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest d’Abidjan qu’est extrait l’essentiel du pétrole ivoirien. Et avec une production de 18,5 millions de barils en 2009, en hausse de 12,5 % par rapport à l’année précédente, l’extraction ne demande qu’à se développer.

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« On dort sur de l’or, le ventre creux ! »

Un second pipeline, long de 72 kilomètres, qui permettrait de doubler la production et de la transporter jusqu’à la raffinerie Vridi, à Abidjan, est en projet. Selon le tracé prévu, il frôlerait certaines habitations et traverserait certains cimetières.

Mais les habitants ne veulent pas laisser passer l’or noir sous leur nez sans en profiter. « Mon enfant me demandera un jour : ‘Papa, quand tu étais jeune, il y avait du pétrole dans ton village. Qu’as-tu fait ?’ Je dirai que je l’ai vu passer sans rien faire », lâche Gervais Bogui, 30 ans. « On dort sur de l’or, le ventre creux ! » s’indigne encore un notable.

Au cours des derniers mois, les habitants ont protesté, érigé des barricades à l’entrée des 15 villages de la zone et bloqué la construction du second pipeline.

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Pour une loi de partage des ressources

« J’avais à peine deux ans lors de la livraison du premier baril de pétrole », indique Emmanuel Degny, 30 ans. « Je continue de voir le pétrole passer sans en tirer un profit », affirme-t-il, pointant du doigt un pipeline au milieu d’une cocoteraie. « Si une solution n’est pas trouvée », les villageois pourraient être tentés de se procurer le pétrole « en siphonnant le pipeline », met-il en garde.

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Un Conseil pétrole-gaz, rassemblant les élus de la région et les représentants du village, s’est ranimé après une période de sommeil pour « fédérer toutes les revendications, les rendre crédibles et efficaces », selon son président Henri Niava. Le Conseil veut signer une convention avec l’État, en attendant une loi de partage des ressources.

« Il est urgent que notre département soit doté de structures sanitaires et industrielles capables de permettre de lutter contre le chômage et de développer l’économie locale », insiste le responsable.

En visite sur place mi-avril, le président Laurent Gbagbo a dit vouloir répondre aux « cris du cœur » de Jacqueville. Saluant « le poumon énergétique » du pays, il a annoncé la mise à disposition d’une somme de 600 millions de FCFA (environ 900 000 euros) pour le Conseil pétrole-gaz.

Mais l’organisation ne se satisfait pas de cette « bonne nouvelle » et attend, au-delà d’un financement ponctuel, que Jacqueville puisse à l’avenir compter sur des revenus pétroliers réguliers. (avec AFP)

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