Le parti d’Omar el-Béchir impliqué dans une gigantesque fraude

L’escroquerie « à la Madoff » qui a provoqué des émeutes meurtrières au Darfour-Nord, dimanche dernier, continue de faire les choux gras de la presse de Khartoum. Le ministre de la Justice a révélé que deux des principaux responsables sont des députés du parti du président, Omar el-Béchir.

Les deux escrocs viennent d’être élus députés du NCP, le parti d’Omar el-Béchir (photo). © REUTERS/Osman Orsal

Les deux escrocs viennent d’être élus députés du NCP, le parti d’Omar el-Béchir (photo). © REUTERS/Osman Orsal

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 5 mai 2010 Lecture : 2 minutes.

Petit séisme dans le parti du président soudanais Omar el-Béchir, qui vient d’être réélu lors des élections d’avril. Selon le ministre de la Justice en personne, AbdelBasit Sabdarat, deux membres du Parti du congrès national (NCP, au pouvoir) auraient orchestré une importante fraude pyramidale au Darfour. Une escroquerie à l’origine de heurts meurtriers entre investisseurs floués et policiers à El-Facher, dimanche 2 mai, qui ont fait près de dix morts selon des sources humanitaires – trois morts selon le gouverneur du Darfour-Nord.

Mercredi 5 mai, des tanks étaient encore déployés dans les rues de cette ville d’un demi-million d’habitants où le couvre-feu est en vigueur jusqu’à 15 h (12 h GMT). Selon le ministre de la Justice, qui a tenu une conférence de presse à Khartoum, les deux hommes – Adam Ismaïl Ashaq Omar et Moussa Sadiq Moussa Beshara – avaient mis sur pied leur stratagème « en mars 2009, alors qu’ils travaillaient pour la police du Darfour-Nord ».

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Au moins 25 millions de dollars de pertes

À l’image de l’Américain Bernard Madoff, ils auraient organisé une « chaîne de Ponzi », système frauduleux par lequel les investisseurs vendent au rabais des biens ou donnent de l’argent contre la promesse d’intérêts élevés – jusqu’à 60 % -, payés en principe sous deux mois. Les premiers investisseurs sont rémunérés par les dépôts des investisseurs ultérieurs, jusqu’au jour où cette bulle spéculative éclate.

Des milliers de personnes ont ainsi vendu leurs biens au réseau soudanais. Les autorités soudanaises estiment le montant total des fraudes à au moins 60 millions de livres soudanaises (25 millions USD).

Moussa Sadiq Moussa Beshara et Adam Ismaïl Ashaq Omar ont été élus, en avril dernier, députés du NCP à l’Assemblée régionale du Darfour-Nord  – le premier ayant recueilli 8 825 voix contre 1 426 pour son principal rival, et le second 4 085 contre 1 200 – selon les résultats de la Commission électorale soudanaise. « Ils ont été élus sous le signe de l’arbre », a indiqué le ministre de la Justice, en référence au symbole électoral du parti présidentiel qui se serait bien passé de cette affaire.

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En juillet dernier, les deux compères avaient été renvoyés de leur fonction policière. Mais ils ont continué leurs activités illicites dans le souk al-Rahma, grand marché d’El-Facher (la capitale historique du Darfour et, aujourd’hui, de l’État du Darfour-Nord), qui a depuis été rebaptisé par les habitants « souk al-mawassir » (« marché de l’escroquerie », en arabe vernaculaire). Les autorités ont arrêté 58 autres personnes impliquées dans cette fraude pyramidale, dont douze non originaires du Darfour. Ce qui montre l’ampleur de l’escroquerie. (avec AFP)

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