Un général dans la ligne de mire
Le climat se dégrade entre l’armée et l’exécutif comorien, sur fond de vives tensions politiques. Le chef d’état-major de l’armée, le général Salimou Amiri, accuse désormais l’entourage du président Ahmed Abdallah Sambi de vouloir le « liquider ».
Aux Comores, l’époque des coups tordus dignes d’un Bob Denard n’est peut-être pas révolue. Du moins si l’on en juge par l’ambiance qui règne actuellement au sein de l’appareil sécuritaire comorien. Dans un courrier adressé à la présidence dont l’AFP a obtenu une copie, le général Salimou Amiri, chef d’état-major de l’armée comorienne, accuse l’un des collaborateurs militaires du président Ahmed Abdallah Sambi de préparer son assassinat.
« Il est apparu que la déstabilisation, la diffamation et l’incitation à la rébellion n’ont pas suffi, écrit le général, et que vous préparez maintenant des militaires anjouanais pour m’éliminer physiquement », affirme le général Salimou, dans un texte de deux pages. Le courrier, daté du 27 avril, et dont des extraits ont été publiés lundi par la presse locale, est adressé au chef du cabinet militaire du président Sambi, le colonel Abdoulbastu Ahmed Abdou.
Prolongation du mandat présidentiel
Salimou, l’unique général au sein de la petite armée comorienne, accuse le colonel Abdou d’avoir « monté » des éléments de la garde présidentielle pour le prendre « en filature dans toutes ses activités et la totalité de ses déplacements ». Une surveillance qui se ferait « avec la bénédiction du directeur du cabinet (du chef de l’Etat) chargé de la Défense », Mohamed Bacar Dossar, ainsi que deux agences des services de sécurité. Mais « sans l’avis ni du président (Sambi), ni même du commandant du GSHP [garde présidentielle, NDLR] ».
« Je vous attends de pied ferme avec ces hommes prétendument à votre solde que vous préparez à m’éliminer », conclut le chef d’état-major, toujours à l’adresse du colonel Abdou. Cette affaire intervient dans un contexte de tension politique, alors que beaucoup s’opposent à la prolongation, au terme d’une réforme constitutionnelle contestée, du mandat présidentiel au-delà du 26 mai prochain et jusqu’à fin 2011.
Intervention libyenne
Elle illustrerait même, selon l’expression d’un officier supérieur, les « incompréhensions et contradictions » entre l’armée et l’exécutif autour de la prolongation du mandat présidentiel, mais aussi autour du projet de réforme des armées. Des tensions avivées par l’arrivée de plusieurs dizaines de militaires libyens, mi-avril, officiellement des « instructeurs » de la garde présidentielle. Des hommes que l’opposition n’hésite pas à qualifier de « mercenaires au service de Sambi ». Lequel, fin avril, avait jugé bon d’appeler l’armée à remplir ses « devoirs », en mettant en garde les militaires qui voudraient se mêler de politique ou « suivre ceux qui veulent semer la zizanie dans le pays ». (avec AFP)
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