Kofi Yamgnane : « L’UFC peut se passer de Gilchrist Olympio »
Dans un entretien à jeuneafrique.com, le Franco-Togolais Kofi Yamgnane, candidat recalé à la présidentielle du 4 mars et porte-parole du Front républicain pour l’alternance et le changement (FRAC), livre son analyse sur la situation de l’opposition, à quelques jours de l’investiture du président réélu Faure Gnassingbé, prévue le 3 mai.
Jeuneafrique.com : Le 17 avril, des militants de l’Union des forces de changement (UFC) ont jeté des pierres sur le cortège du leader du parti, Gilchrist Olympio. Celui-ci a même dû rebrousser chemin. Qu’en pensez-vous ?
Kofi Yamgnane : Cet acte est grave et regrettable, mais il faut le replacer dans son contexte. Lorsque, le 6 février dernier, nous sommes allés à Paris pour créer le Frac, nous avons rencontré M. Olympio pour lui expliquer notre volonté de rassembler l’opposition. Or, il n’a pas véritablement soutenu son propre candidat, Jean-Pierre Fabre, qui est son fils « utérin » puisque c’est lui qui l’a créé. C’est comme si vous plantiez un arbre fruitier et que vous lui interdisiez de grandir et de porter des fruits : ça n’a pas de sens ! Il a fallu qu’on le bouscule pour qu’il apporte son soutien à Fabre. Et il l’a fait du bout des lèvres. Les militants ont parfaitement compris ce jeu. L’incident du 17 avril montre que l’UFC a atteint un âge de maturité et peut se passer d’Olympio.
Aujourd’hui, quelles sont les relations entre Jean-Pierre Fabre et Gilchrist Olympio ?
Je ne pense pas qu’il y ait de problèmes entre eux. En tout cas, Fabre n’a aucune animosité personnelle envers Olympio… Simplement, il n’était pas d’accord avec lui sur le plan du combat politique. Fabre pense que s’il n’avait pas été candidat, l’UFC n’aurait pas été représenté à l’élection présidentielle. Ce n’était pas admissible. Et aujourd’hui, la référence à l’UFC, c’est Jean-Pierre Fabre.
Combien de temps la coalition d’opposition du Frac va-t-elle manifester dans les rues contre la réélection de Faure Gnassingbé ?
Nous allons manifester jusqu’à ce que le RPT [Rassemblement du peuple togolais, au pouvoir, NDLR] accepte de se mettre autour d’une table pour discuter avec nous. Car ce parti sait, comme nous, qu’il n’a pas gagné l’élection présidentielle.
Après l’investiture du président Faure Gnassingbé, les manifestations de l’opposition seront vraisemblablement interdites. Que ferez-vous alors ?
Nous avons une stratégie que nous ne pouvons pas encore dévoiler.
Les documents électoraux de l’opposition ayant été saisis, sur quelles preuves le Frac peut-il s’appuyer pour revendiquer sa victoire à la présidentielle ?
Il faut savoir que les saisies ont été possibles car nous sommes infiltrés, tout comme nous avons infiltré le RPT. C’est la guerre ! Mais l’UFC n’a pas mis tous ses œufs dans le même panier et a certainement d’autres caches… Son comportement serait irresponsable si elle n’avait pas en sa possession des preuves de sa victoire. Et je ne crois pas que l’UFC soit irresponsable.
Quand allez-vous brandir ces preuves ?
Au moment où l’on va changer de stratégie. Nous allons bien voir sur quel levier nous allons appuyer.
Le RPT vous a-t-il fait des propositions pour entrer au gouvernement ?
Non, je vais être très clair : je n’ai eu aucune proposition en ce sens. Moi-même, je ne demande rien. Je ne suis pas du style à me laisser débaucher. Au cas où j’aurais des propositions, on en discutera. J’ai un projet de société clair. Si on me dit : « M. Yamgnane, prenez le gouvernement et appliquez votre programme, développez le pays, on vous laisse carte blanche… » Alors oui, j’irai. Mais à aucune autre condition.
Propos recueillis par Jean-Claude Abalo.
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