Mort de Bibi Ngota : la famille « indignée » par la version des autorités
C’est une infection liée au VIH qui aurait tué Bibi Ngota, mort en prison le 22 avril dernier, selon un rapport des autorités. Une version que contredisent les proches du journaliste camerounais.
La maison d’arrêt de Yaoundé a remis un rapport médical au gouvernement camerounais dans lequel elle évoque les circonstances de la mort de Bibi Ngota. Le décès de ce journaliste en détention préventive fait polémique depuis plusieurs jours, et les conclusions du laboratoire ne sont pas de nature à calmer l’opinion.
Le porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary, en a cité des extraits, jeudi 29 avril, évoquant des « infections opportunistes » liées au virus du sida. Il affirme que le directeur du journal Cameroun Express s’était soumis à un test de dépistage lors de son arrivée en prison, le 10 mars dernier. Un test qui s’était révélé positif. La santé de Bibi Ngota se serait ensuite dégradée, ses séjours à l’infirmerie pénitentiaire se répétant. Les résultats lui ont été annoncés le 5 avril, après une nouvelle admission à l’infirmerie « pour une fièvre élevée et une irruption cutanée généralisée », selon le ministre.
« Le gouvernement raconte des histoires »
Le médecin de la prison explique dans son rapport que le « système immunitaire [de Bibi Ngota, NDLR] était complètement effondré ». Selon les dires du porte-parole du gouvernement, son décès est survenu à la veille de la réception de résultats d’ « examens complémentaires sur son éligibilité au traitement anti-rétroviral », qui ralentit la progression du virus du sida. « À l’analyse (de ces résultats), on constate que le patient avait une infection généralisée dans un contexte d’immunodépression sévère. »
La famille du journaliste s’est dite « très indignée » par ces affirmations. Son frère, Bruno Ntede, les a rejetées en bloc. « Le gouvernement raconte des histoires », a-t-il déclaré. « La vérité de sa mort est loin de ce que dit le gouvernement », a-t-il soutenu.
Hypertension
Depuis la mort de Bibi Ngota, la polémique n’a cessé d’enfler. Lundi 27 avril, une autopsie a eu lieu, vraisemblablement en catimini. La famille du journaliste affirme qu’elle n’y a pas assisté, alors que le porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary, a assuré que des « personnalités indépendantes et (…) sa famille » étaient présentes.
« C’est un mensonge. Tout s’est passé à notre insu. Nous avons appris qu’une première autopsie a été faite vendredi et une seconde hier [lundi, NDLR] qui a confirmé les résultats de la première », s’emporte le frère de Bibi Ngota. Selon sa mère, il souffrait d’hypertension et avait réclamé des soins peu avant sa mort. « Il m’a dit : ‘Maman, si je ne sors pas d’ici [infirmerie de la prison, NDLR] pour des soins, je vais mourir bientôt’. »
Bibi Ngota avait été écroué en même temps que deux autres journalistes, Serge Sabouang (La Nation) et Robert Mintsa (Le Devoir), pour « faux et usage de faux ». Les autorités les accusent d’avoir imité « la signature du secrétaire général de la présidence de la République sur des documents dont ils se servaient pour (lui) faire du chantage ». Dans une lettre, Bibi Ngota avait clamé son innocence.
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