Vuvuzelas : le casse-tête des briseurs d’oreilles
La polémique gronde dans le pays organisateur de la Coupe du monde de football. Les vuvuzelas, ces cornes en forme de trompette que l’on trouve dans les stades sud-africains, étaient déjà accusées d’empêcher les joueurs de communiquer pendant les matchs. Aujourd’hui, une étude vient souligner qu’ils peuvent entraîner de graves troubles auditifs.
Et si une simple trompette venait gâcher la fête? La vuvuzela, cette longue corne d’au moins 40 centimètres, est à nouveau mise en cause. C’est que, quand plusieurs milliers de supporters enthousiastes la font résonner en même temps, un bourdonnement monocorde envahit le stade. Comme si vous étiez pris dans un immense nuage de moustiques. Cet instrument du folklore local n’est donc pas du goût de tout le monde. Et ses opposants pourraient bien avoir trouvé un nouvel argument de poids : sa nocivité pour l’ouïe.
Risque de perte auditive permanente
Une récente étude, menée par les docteurs De Wet Swanepoel, de l’université de Pretoria, et James Hall, de l’université de Floride, et publiée dans le South African Medical Journal, affirme qu’il y a un risque réel de perte auditive pour les spectateurs de la prochaine Coupe du monde. Les chercheurs ont testé l’ouïe de onze supporters avant et après un match de Premier Soccer League, le championnat de football sud-africain, dans un stade de 30 000 places où s’époumonaient de nombreux adeptes de la vuvuzela.
Les résultats sont édifiants : plus de 100 décibels en moyenne pendant près de deux heures, avec des pointes à plus de 140, alors qu’une exposition prolongée au-delà de 85 décibels est considérée comme dangereuse par l’Organisation mondiale de la santé. Ceux qui étaient le plus proche des vuvuzelas étaient les plus touchés. Après le match, les capacités auditives des onze participants avaient baissé de façon significative. « Si vous êtes confronté à de tels niveaux sonores continuellement pendant 10, 15 ou 20 minutes, vous vous exposez à un risque de perte auditive permanente », précise ainsi le docteur Swanepoel.
« La Coupe du monde restera sud-africaine »
L’été dernier, déjà, pendant la Coupe des Confédérations en Afrique du Sud, sorte de répétition générale pour le pays, certains joueurs s’étaient plaints du bruit assourdissant des vuvuzelas. « On a l’habitude des chants, mais cette trompette gêne notre concentration », tonnait le milieu de terrain espagnol Xabi Alonso. Le sélectionneur des Pays-Bas et le président de la Fédération japonaise de football avaient même réclamé son interdiction. En vain. Ainsi, si le code de conduite dans les stades adopté par la Fifa pour la prochaine Coupe du monde prohibe « des instruments opérés mécaniquement qui produisent un volume sonore excessif tel que les mégaphones, sirènes ou cornes de brume », il n’interdit pas les vuvuzelas. Un fait d’autant plus surprenant que le volume sonore des cornes de brume oscille « seulement » entre 100 et 120 décibels.
Contactée, la Fifa ne souhaite pas faire de commentaire sur l’étude. On ne touche pas si facilement à la vuvuzela, objet de fierté nationale pour le pays organisateur. Lors de la Coupe des Confédérations, Sepp Blatter, le président de la Fifa, avait martelé : « La Coupe du monde sera sud-africaine jusqu’au bout. Il ne faut pas essayer de l’européaniser. » À quelques semaines du Mondial, il n’a pas l’intention de changer de position.
Des supporters avec des vuvuzelas lors d’un match de championnat sud-africain
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