El-Béchir accusé de truquer les élections

Quelques jours après la fin des élections multipartites au Soudan, les ex-rebelles sudistes en sont convaincus : Omar el-Béchir envoie l’armée pour bourrer les urnes, alors que le décompte des voix n’est pas encore terminé.

Le président soudanais Omar el-Béchir, le 18 avril 2010 à Khartoum. © AFP

Le président soudanais Omar el-Béchir, le 18 avril 2010 à Khartoum. © AFP

Publié le 20 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

Le dépouillement des bulletins de vote n’est pas encore finalisé que, déjà, des accusations de fraude pèsent sur le pouvoir soudanais. Lundi 19 avril, l’ancien candidat du Mouvement populaire de libération du Soudan, (SPLM), Yasser Arman a affirmé que le Parti du congrès national (NPC, parti du président sortant Omar el-Béchir) envoyait des « forces armées » dans l’État du Nil Bleu. Le représentant des ex-rebelles sudistes – qui s’était finalement retiré de la course à la présidentielle au dernier moment – parle d’un « renforcement » militaire dans cette région située à la lisière du Nord et du Sud-Soudan, près de la frontière avec l’Éthiopie, où les ex-rebelles sudistes espèrent conserver le poste de gouverneur d’État détenu par Malik Agar.

L’armée soudanaise, injoignable, n’a pas pu confirmer ces informations. Mais selon l’opposition, les militaires seraient là pour bourrer les urnes et truquer le résultat des élections dans cet État clé. Des résultats qui n’ont pas encore été dévoilés par la commission électorale (NEC), même si la presse affirme qu’Omar el-Béchir a remporté l’adhésion des votants. « C’est de la propagande. Si les élections sont truquées, la direction du SPLM devra se réunir et évaluer la situation pour déterminer quelles décisions prendre », a commenté Yasser Arman.

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Sans surprise, le scrutin devrait reconduire au pouvoir le président Omar el-Béchir. Mais la lutte demeure serrée pour des postes de gouverneurs ou de députés dans certaines régions clés du pays.

Appel à l’impartialité

La NEC a d’ailleurs confirmé lundi qu’elle ne savait pas encore quand elle serait en mesure de dévoiler l’ensemble des résultats de ces élections nationales. « Nous ne pouvons pas établir une date précise à laquelle nous pourrons annoncer tous les résultats parce qu’il s’agit [le décompte, NDLR] d’un processus complexe et très important », a déclaré al-Hadi Mohammed Ahmed, chef du comité technique de la NEC.

Les États-Unis ont d’ores et déjà appelé la commission électorale à la plus grande impartialité. La communauté internationale a aussi demandé à la commission électorale d’évaluer les plaintes déposées par les partis politiques et les candidats indépendants. « Nous encourageons fortement la NEC à traiter de bonne foi toutes les contestations légitimes, avec efficacité et impartialité », a indiqué lundi le département d’État américain dans un communiqué, au nom de la « troïka » composée des États-Unis, du Royaume-Uni et de la Norvège.

« Nous rejetons les résultats »

Les observateurs internationaux – parmi lequels une délégation de l’Union européenne et la Fondation américaine de Jimmy Carter – ont estimé que le scrutin n’avait pas été conforme aux règles internationales, en raison de problèmes politiques (intimidation, respect des libertés fondamentales) mais aussi techniques.

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Enhardie par les déclarations des observateurs, l’opposition, dont la plupart des représentatnts avaient boycotté le scrutin, a immédiatement crié à la fraude électorale. « Nous rejetons les résultats des élections qui sont loin d’être justes et équitables» , a déclaré lundi, dans un communiqué, Mohammed Osmane al-Mirghani, chef du Parti unioniste démocrate (DUP), l’un des grands partis d’opposition qui avait participé aux élections malgré des appréhensions.« La commission électorale n’est pas neutre », a-t-il protesté.   (avec AFP)

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