Mugabe plaide pour l’unité nationale

À l’occasion du 30e anniversaire de l’indépendance, dimanche 18 avril, le président zimbabwéen a appelé à la tolérance ainsi qu’à la fin des violences politiques et raciales. Un discours de réconciliation nationale qui intervient un an avant l’élection présidentielle de 2012, à laquelle Robert Mugabe s’est déclaré prêt à concourir. 

Robert Mugabe (à g.) et le Premier ministre Morgan Tsvangirai à Harare, le 6 mars 2010. © AFP

Robert Mugabe (à g.) et le Premier ministre Morgan Tsvangirai à Harare, le 6 mars 2010. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 19 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

« Les dirigeants du gouvernement d’union [formé en février 2009 avec l’ancienne opposition, NDLR] vous exhortent à cesser tout acte de violence », a lancé Robert Mugabe lors d’un discours pour le trentenaire du Zimbabwe, retransmis par la radio-télévision nationale. « Nous, Zimbabwéens, devons entretenir un climat de tolérance et traiter les autres avec dignité et respect, quels que soient leur âge, leur sexe, leur race, leur ethnie et leur appartenance religieuse ou politique », a précisé le président zimbabwéen, 86 ans dont 30 au pouvoir, alors que le pays est régulièrement accusé de bafouer les droits de l’homme.

Ces propos, tenus en présence du Premier ministre Morgan Tsvangirai, ennemi d’hier avec lequel le doyen des présidents africians est contraint de partager le pouvoir, tranchent avec les dénonciations enflammées dont il a l’habitude. Après la défaite historique du régime aux élections générales de mars 2008, un gouvernement d’union avait été formé sous la pression de l’Afrique du Sud. Mais le pays ne parvient pas à ramener les investisseurs internationaux et la situation économique reste catastrophique, un an avant la prochaine élection présidentielle que Robert Mugabe souhaite remporter.

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L’abandon de la monnaie nationale, qui n’avait quasiment plus de valeur après des mois d’hyperinflation, a cependant arrêté la chute libre de l’économie. Un léger retour de la croissance a même été observé après des années de dépression.

Instabilité persistante

Mais l’instabilité persistante au sein du gouvernement fragilise la reprise. Comme l’atteste la récente loi d’indigénisation. Celle-ci oblige les entreprises de plus de 500 000 dollars américains d’actifs à avoir au moins 51 % de leur capital détenus par des Zimbabwéens. Après plusieurs semaines, son application a finalement été repoussée à une date indéfinie. La mesure rappelle la réforme agraire de 2000, qui s’est traduite par des violences et l’expropriation de 4 000 fermiers blancs. La chute du secteur agricole avait affecté toute l’économie.

Faute de ressources dans une économie exsangue, l’ancienne Rhodésie du Sud britannique a désespérément besoin d’injections financières massives. Les dix années d’euphorie qui avaient suivi la chute du régime ségrégationniste blanc d’Ian Smith, le 18 avril 1980, ont tourné au cauchemar à la fin des années 1990.

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Robert Mugabe, le héros de l’indépendance, avait d’abord opté pour une politique de réconciliation raciale, invitant les Blancs à participer au gouvernement. Il avait développé les hôpitaux et les écoles,  faisant des Zimbabwéens l’une des populations les plus lettrées du continent. Mais à la fin des années 1990, le pouvoir s’est crispé face aux mécontentements et à la montée de l’opposition.

Les Occidentaux condamnent depuis celui qu’ils avaient porté aux nues. En 2002, après des élections controversées, ils imposent des sanctions contre le cercle au pouvoir autour de Mugabe, ce qui achèvera d’enfermer ce dernier dans la paranoïa. Les sanctions ont été renouvelées en février dernier. (Avec AFP)

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