L’ancien gouverneur du Delta dans le viseur de la justice

Un proche du président Umaru Yar’Adua, James Ibori, est accusé d’avoir détourné 213 millions d’euros quand il était à la tête de l’Etat du Delta, entre 1999 et 2007. Le 13 avril, la Commission des crimes économiques et financiers (EFCC) a émis un mandat d’arrêt contre lui. L’intéressé crie à la manœuvre politicienne.

James Ibori a gouverné l’État du Delta de 1999 à 2007. © AFP

James Ibori a gouverné l’État du Delta de 1999 à 2007. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 15 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

Un effet de la reprise en main du pays par le président nigérian par intérim Goodluck Jonathan, qui a notamment installé une femme, Diezani Allison-Madueke, au ministère du Pétrole ? En tout cas, le vent tourne pour l’ancien gouverneur de l’Etat du Delta [du Niger, NDLR], James Ibori. N’arrivant pas à le trouver malgré de multiples sollicitations, la Commission des crimes économiques et financiers (EFCC) a émis contre lui, le 13 avril, un mandat d’arrêt.

La haute cour fédérale de l’État du delta, à Asaba, a aussitôt censuré l’action de l’EFCC, le 14 avril, en arguant que le délai fixé à Ibori pour se présenter devant l’organe nigérian de lutte anti-corruption, fixé au 17 avril, n’était pas révolu. Mais au-delà de cette passe d’arme judiciaire complexe, il semble que l’étau se resserre de plus en plus autour de ce proche du président valétudinaire Umaru Yar’Adua – il a notamment financé une partie de sa campagne électorale en 2007.

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213 millions d’euros évaporés

L’EFCC suspecte James Ibori d’avoir détourné des millions de dollars entre 1999 et 2007, quand il était à la tête de l’Etat pétrolier du Delta. Selon le porte-parole de la Commission anti-corruption, Femi Babafemi, il est accusé de blanchiment d’argent et, surtout, d’avoir garanti un prêt de la Banque intercontinentale (IB) d’un montant de 213 millions d’euros avec 520 millions d’actions de la Banque océanique appartenant à l’État du Delta. Puis il aurait ordonné à l’IB de vendre ces actions pour rembourser le prêt, obtenu au nom de la société Ascot, qu’il possédait à l’époque.

Ibori, bien-sûr, réfute tout ce qu’on lui reproche. Par l’intermédiaire de son porte-parole, Tony Eluemunor, il a affirmé que l’action de l’EFCC était « seulement politique et non criminelle ». Ce n’est pourtant pas la première fois qu’Ibori, membre influent du People’s Democratic Party (PDP, au pouvoir) est inquiété par la justice. Plusieurs de ses associés sont d’ailleurs accusés en Grande-Bretagne de blanchiment d’argent. Mais Ibori est jusque là toujours passé miraculeusement entre les mailles du filet. En décembre 2009, il avait été acquitté de charges de corruption et de détournement de 85 millions de dollars par la haute cour fédérale de l’État du Delta, à Asaba…

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