L’armée en roue libre

Onze jours après le renversement de José Zamora Induta par son adjoint, l’armée bissau-guinéenne, gangrenée par les luttes de pouvoir et le trafic de drogue, n’a toujours pas de chef officiel.

Le général José Zamora Induta, en mars 2009. Il a été arrêté à son domicile le 1er avril. © AFP

Le général José Zamora Induta, en mars 2009. Il a été arrêté à son domicile le 1er avril. © AFP

Publié le 12 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

Depuis le 1er avril, la Guinée-Bissau est suspendue à un fil. Des militaires emmenés par le chef d’état major adjoint des armées, Antonio Indjai, sont allés au domicile de leur supérieur, le général José Zamora Induta, pour le mettre aux arrêts. Il a été enfermé dans une caserne à Mansoa, à 60 km au nord de Bissau, et personne ne l’a encore officiellement remplacé à son poste.

L’armée bissau-guinéenne attend donc de connaître son nouveau "patron". Après le "putsch", Antonio Indjai, 48 ans, s’est autoproclamé chef d’état-major. Mais selon la Constitution, c’est au président, après proposition par le gouvernement, de nommer par décret le nouveau chef des armées. "Pour nous, Indjai n’est pas encore le chef d’état-major", a souligné un officier supérieur.

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Ainsi, les noms d’officiers vétérans de la "guerre de libération" contre les colons portugais (1962-1973) auraient été proposés au président Malam Bacaï Sanha, qui n’a pas encore donné de précision sur la date de cette nomination. L’ex-ministre des Anciens combattants, le général Botana Mbatcha, serait l’une des personnalités les plus souvent évoquées pour ce poste.

« Chasse aux sorcières »

Onze jours après le coup de force, de nouvelles arrestations ont eu lieu, dimanche, au sein de l’armée. "Trois officiers ont été arrêtés par des militaires", a indiqué le président de la Ligue des droits de l’homme (LDH) à Bissau, Luis Vaz Martins. Selon lui, "il s’agit d’une sorte de chasse aux sorcières, les hommes forts d’aujourd’hui tentant de régler leurs comptes avec leurs détracteurs".

Par ailleurs, le 1er avril, l’ancien chef de la Marine José Américo Bubo Na Tchuto, dit Bubo, est revenu avec fracas sur le devant de la scène, aux côtés du général Indjai. Bubo, un homme influent au parcours mouvementé, a été accusé en 2008 de tentative de coup d’état et de trafic de drogue et s’était réfugié en Gambie. Il avait ensuite été suspecté d’implication dans l’assassinat de son ennemi, Tagmé Na Waie.

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Fin 2009, Bubo est rentré clandestinement à Bissau, trouvant alors refuge dans les locaux de l’ONU, à laquelle il demandait "protection". D’après des témoins, il n’en est sorti de lui-même que le 1er avril, quand Indjai et les mutins sont venus l’y chercher. A présent, Bubo, qui vient d’être sanctionné par les Etats-Unis, se déplace librement dans Bissau où on l’a vu "parader" samedi à bord d’un véhicule 4×4, entouré de gardes du corps.

Selon plusieurs sources militaires et étrangères à Bissau, avant le 1er avril, Indjai avait été fortement poussé à démissionner de l’armée. Il avait alors dû signer un document dans lequel il reconnaissait avoir autorisé l’atterrissage et le décollage, à Cufar (Sud), le 3 mars, d’un avion soupçonné d’avoir transporté de la cocaïne. (Avec AFP)

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