Difficile de démêler le vrai du faux sur l’incident tragi-comique survenu mercredi 7 avril au soir sur le vol United Airlines 663, reliant Washington à Denver (centre des États-Unis). En elle-même, l’affaire ne relève que de la simple confusion : des policiers spécialisés dans la sécurité aérienne ont maîtrisé un diplomate qatarien qu’ils soupçonnaient (officiellement) de vouloir allumer un explosif placé dans sa chaussure, mais qui pourrait simplement avoir fumé aux toilettes et eu quelques propos… déplacés.

Le FBI sur les dents

Les services de sécurité ont informé des parlementaires que le diplomate avait apparemment tenté "d’enflammer sa chaussure" au cours du vol, a indiqué à l’AFP un assistant parlementaire sous le couvert de l’anonymat. Sujet sensible : on se souvient qu’en décembre 2001, l’Anglo-Jamaïcain Richard Reid avait tenté de faire « exploser » ses chaussures au départ d’un vol Paris-Miami. Et, le 25 décembre, un jeune Nigérian de 23 ans, Umar Farouk Abdulmutallab, avait tenté de mettre le feu à des explosifs dissimulés dans ses sous-vêtements.

Les policiers ont-ils fait preuve d’un peu trop de zèle mâtiné d’une paranoïa, au reste assez légitime ? La police fédérale américaine (FBI) est sur les dents et les premiers éléments de l’enquête indiquent qu’un steward a averti un "air marshal" après avoir senti une odeur de fumée alors qu’un passager sortait des toilettes, trente minutes avant l’atterrissage.

Deux chasseurs F-16 en renfort

Deux policiers ont alors empoigné l’homme qui aurait dit avoir éteint sur sa semelle une cigarette fumée aux toilettes, selon NBC News. Un responsable d’un service de sécurité américain a ensuite reconnu auprès d’ABC "qu’il y avait eu un énorme malentendu", expliquant que Modadi pouvait avoir été "sarcastique" au moment de s’expliquer auprès des autorités. A-t-il argué un peu trop abruptement de l’immunité diplomatique dont il bénéficie pour avoir la paix ? Mal lui en a pris, en tout cas : plaqué au sol, menotté, il a été ensuite placé en garde à vue à son arrivée. Non sans que les grands moyens aient été employés : l’avion a été escorté par deux chasseurs F-16 venus en renfort…

Dans un communiqué, l’ambassadeur du Qatar aux États-Unis, Ali ben Fahad Al-Hajri, a affirmé que le diplomate se rendait à Denver "en mission officielle" et n’était "certainement pas lié à une activité menaçante". "Les faits révèleront qu’il s’agissait d’une erreur et nous appelons toutes les parties concernées à éviter de faire des jugements imprudents ou des spéculations", a-t-il ajouté. Selon NBC News, aucun explosif n’a été découvert sur le suspect et les chiens spécialisés n’en ont trouvé aucune trace à bord de l’appareil qui embarquait 157 passagers et six membres d’équipage. Le diplomate ne devrait pas être poursuivi pour activités criminelles, d’après un responsable du FBI cité par l’Agence américaine AP.

L’incident survient alors que les États-Unis ont annoncé, le 2 avril, un important bouleversement des protocoles de sécurité dans les transports aériens, avec la mise en place d’une surveillance des passagers entrant sur leur sol en fonction, notamment, de leur "profil" – un terme assez vague qui tend à stigmatiser les ressortissants de pays musulmans, dont le Qatar.