La police s’initie au hooliganisme

A la veille du Mondial 2010, l’Afrique du Sud se prépare à accueillir des équipes du monde entier… et leur lot de supporters violents. Dans un pays qui ne connaît pas le hooliganisme, les forces de l’ordre s’inspirent des expériences étrangères. Comme avec cette équipe de policiers français, récemment en visite à Pretoria et Johannesburg.

Objectif des forces de l’ordre : apprendre à gérer tout débordement et les individus violents. © DR

Objectif des forces de l’ordre : apprendre à gérer tout débordement et les individus violents. © DR

Alexis Billebault

Publié le 7 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

L’Afrique du Sud est l’un des dix pays où la criminalité est la plus forte au monde : en 2008, on y recensait 37 000 assassinats ou tentatives d’assassinats et 50 000 viols. Mais paradoxalement, la délinquance ne gagne pas le football. Ou si peu. Lorsque des bagarres éclatent, c’est après le match, et dans des bars, où certains supporters viennent s’alcooliser après les rencontres. Les fights à l’européenne, ces bagarres généralement organisées à l’avance entre « supporters » assez loin des stades et qui, parfois, dégénèrent, n’existent pas. Ce que confirme l’un des policiers français à s’être rendu sur place, le capitaine Sylvain Husak, spécialisé dans la lutte contre la violence des supporters (Point national d’information football, Paris) : « En Afrique du Sud, il n’y a pas de hooliganisme au sens où nous l’entendons. Nous avons assisté à une rencontre entre les Kaizer Chiefs et Santos, deux des meilleurs clubs du pays, et l’ambiance est très festive. On ne se sent pas en danger. »

Pogo et fumigènes

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Résultat : la police sud-africaine n’est pas préparée pour réagir à des actes de hooliganisme. Consciente que des équipes comme l’Angleterre, l’Allemagne, la Serbie ou l’Argentine sont suivies par quelques individus particulièrement violents, elle doit, en premier lieu, tout savoir de leurs « modes d’expression » : les policiers français leur exposent donc l’ambiance dans les tribunes européennes, avec lancers de fumigènes et pogo -cette « danse » virile consistant à sauter sur place et prompte à échauffer les esprits. Ils leur expliquent que « les hooligans des pays de l’Est ont tendance à frapper un peu au hasard, alors que ceux de l’Ouest vont chercher à se mesurer à des personnes animées des mêmes intentions, » selon les propos de Sylvain Husak. Autre priorité : apprendre à déceler les menaces, le plus tôt possible : « Détecter les personnes potentiellement dangereuses, en observant les attitudes, en repérant certains codes vestimentaires, en recueillant les bonnes informations. Bref, acquérir les bons réflexes. »

Hiver austral

L’entraînement des policiers sera donc intensif jusqu’à l’ouverture de la Coupe, le 11 juin.  D’autant qu’ils devront non seulement protéger leurs ressortissants contre les hooligans étrangers, mais aussi couvrir les visiteurs, même les plus violents, contre d’éventuelles attaques de bandes locales. Mission à haut risque, donc. Mais « la police sud-africaine semble capable de s’adapter très vite : elle sait gérer l’ordre public », estime Sylvain Husak. Autres atouts pour les autorités : le coût du voyage et du séjour pourrait dissuader certains supporters de faire le déplacement. Et « lors des grandes compétitions, la plupart des hooligans optent en général pour le camping, par souci d’économie mais aussi de discrétion. Or, pendant la Coupe du monde, ce sera l’hiver austral. Les températures descendent à 2 ou 3 degrés la nuit. » Il ne reste plus aux policiers sud-africains qu’à espérer que l’esprit sera rude.
 

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