La guerre des clans

La situation est plus que jamais confuse en Guinée-Bissau, où des militaires du chef d’état-major adjoint Antonio Indjai ont mis aux arrêts, le 1er avril, le chef d’état-major, le général José Zamora Induta, ainsi que le Premier ministre, Carlos Gomes Junior. Vendredi 2 avril, celui-ci a pu cependant sortir de son domicile où il était sous bonne garde pour aller rencontrer le président Malam Bacai Sanha. Qui a vraisembleblement réussi à calmer les esprits.

Le Premier minsitre Carlos Gomes Junior s’est entretenu avec le président Malam Bacai Sanha. © AFP

Le Premier minsitre Carlos Gomes Junior s’est entretenu avec le président Malam Bacai Sanha. © AFP

Publié le 2 avril 2010 Lecture : 3 minutes.

Actualisé le 2 avril à 22h00.

Le coup de force intervenu en Guinée-Bissau le 1er avril semble rentrer dans une catégorie assez particulière… Celle des coups, non d’Etat, mais « d’armée ». Une nouvelle catégorie, en somme; une sorte de putsch entre militaires sur fond de trafic de cocaïne dont le pays est devenu depuis quelques années une plaque tournante.

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D’abord, les faits. Dans la matinée du 1er avril, le Premier ministre de Guinée-Bissau Carlos Gomes Junior a été arrêté par des militaires pour être ensuite emmené à sa résidence de la capitale. Le chef d’état-major de l’armée, le général José Zamora Induta, a également été mis aux arrêts et amené sur la base aérienne de Bissalanca. Le chef d’état-major adjoint, le général Antonio Indjai a assuré avoir pris la direction des forces armées, annonçant vouloir faire juger le Premier ministre et menaçant de l’"assassiner" si des manifestations en sa faveur ne cessaient pas.

Avec sa langue de bois habituelle, le président Malam Bacai Sanha, élu en août 2009, a quant à lui estimé que la situation était calme. "Il n’y a pas de problème. Il y a eu une situation de confusion entre militaires qui a débordé jusqu’au gouvernement, mais la situation est calme", a-t-il affirmé. Selon un diplomate occidental en poste à Bissau, l’interpellation de Gomes serait due à l’irruption d’un groupe de militaire, jeudi matin, dans les locaux des Nations unies pour chercher l’ex-chef de la Marine, le contre-amiral José Américo Bubo Bubo Na Tchuto, soupçonné d’une tentative de coup d’Etat en 2008 et qui avait trouvé refuge auprès de l’organisation onusienne en décembre dernier.

Médiation présidentielle

Selon cette source, Bubo Na Tchuto, un allié de Indjai, devait être livré au gouvernement de Gomes. D’où la réaction des militaires. Na Tchuto, qui est aussi un proche de Bacai, s’est affiché aux côtés de Indjai lors de sa conférence de presse de jeudi, au cours de laquelle ce dernier s’est posé en numéro un de l’appareil militaire. L’ex-chef de la Marine est aussi soupçonné d’être impliqué dans le trafic de cocaïne sud-américaine en Guinée-Bissau. De nombreux observateurs ont noté qu’il avait acquis très rapidement et d’une manière mystérieuse une grande fortune.

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Vendredi 2 avril, le domicile du Premier ministre de Guinée-Bissau Carlos Gomes Junior était toujours sous la garde de militaires mutins, mais la situation évoluait. Une réunion s’est tenue vendredi à la mi-journée à Bissau entre le président et son Premier ministre. Le procureur général de Bissau Amine Michel Saad est venu chercher le chef du gouvernement à son domicile pour l’accompagner sous escorte militaire jusqu’à la présidence. "La situation est maintenant assainie. Je peux vous assurer que les institutions vont se remettre à fonctionner normalement", a indiqué le Permier ministre à la presse à la sortie de son entretien avec le président. "Je ne démissionnerai pas car j’ai été élu démocratiquement [à l’occasion des élections législatives de fin 2008, NDLR], je considère ce qui s’est passé jeudi comme un incident", a ajouté Gomes.

La situation tend donc à se normaliser. Parallèlement à ce qui apparaît comme une médiation du président, les appels au calme se sont  multipliés. Un "collectif" des membres du gouvernement de Guinée-Bissau a condamné un peu plus tôt dans la matinée "l’utilisation de la force comme moyen de résoudre les problèmes", et a exprimé dans un communiqué son soutien au Premier ministre.

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De son côté, le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a appelé dans un communiqué les dirigeants du pays à "résoudre les différends de manière pacifique" et à "maintenir l’ordre constitutionnel". Les dirigeants des forces armées ont pour leur part réaffirmé « leur soumission au pouvoir politique, aux institutions de la République et appellent au calme et à la sécurité de la population". Cherchez l’erreur…

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