Joyandet, la visite de la dernière chance

Alors que l’Union européenne est sur la voie de sanctionner le régime de transition malgache, le secrétaire d’Etat français à la Coopération tente une nouvelle médiation.

Alain Joyandet et Andry Rajoelina au domicile de ce dernier en février 2009. © D.R.

Alain Joyandet et Andry Rajoelina au domicile de ce dernier en février 2009. © D.R.

Publié le 2 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

La visite express du secrétaire d’Etat français à la Coopération, Alain Joyandet, accompagné du conseiller Afrique de Nicolas Sarkozy, André Parant, arrivés mercredi 31 mars à Antananarivo, ressemble fort à un exercice de haute voltige.

Les deux envoyés spéciaux, dont le voyage a été gardé secret jusqu’au dernier moment, se sont entretenus durant deux heures avec Andry Rajoelina – « une entrevue positive », selon un collaborateur de M. Joyandet -, avant de rencontrer le Premier ministre, Camille Vital, puis l’un des leaders de l’opposition, l’ancien président Albert Zafy. « L’idée, c’est de trouver une nouvelle approche », confie-t-on au Quai d’Orsay. D’un côté comme de l’autre, on reste cependant très discret quant au contenu des discussions.

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Si l’on se fie aux déclarations officielles, les deux parties semblent une fois de plus sur la même longueur d’onde. Pour la France, « la clé d’une sortie de crise consensuelle réside dans l’organisation et la tenue d’élections crédibles dans les meilleurs délais possibles ». Selon Rajoelina, « la seule et unique solution de sortie de crise consiste en l’organisation d’élections libres et transparentes ».

Le temps presse pour Rajoelina

Le président de la Haute autorité de la transition (HAT) a ainsi réitéré sa volonté d’organiser des élections législatives dans les prochaines semaines. Pour convaincre les trois autres mouvances (Zafy, Ravalomanana et Ratsiraka) d’y participer, la France pourrait demander à la communauté internationale de s’impliquer dans le processus électoral afin d’en assurer la transparence. Rajoelina a d’ailleurs à nouveau sollicité l’envoi d’experts internationaux pour accompagner la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Mise en place la semaine dernière, celle-ci est boycottée par l’opposition.

Le temps presse pour l’« homme fort » de Tana. Deux semaines après l’officialisation des sanctions de l’Union africaine, le 17 mars, l’étau pourrait à nouveau se resserrer autour de son régime. Alors que Madrid préside l’Union européenne depuis le début de l’année, le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a pris l’engagement lundi dernier d’inscrire à l’ordre du jour du prochain conseil des Affaires étrangères, qui se tiendra en avril, le renforcement des sanctions européennes à l’encontre de la Grande île.

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Ravalomanana appelle au renforcement des sanctions

M. Moratinos répondait à une demande du Belge Louis Michel lors de la séance inaugurale de la 19e session de l’Assemblée paritaire ACP-UE, à Tenerife (Espagne). Madagascar a d’ores et déjà été relégué au rang des observateurs de l’assemblée et n’y possède plus le droit de vote – comme le Niger.

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Dans une lettre ouverte adressée au ministre espagnol jeudi 1er avril, Marc Ravalomanana soutient l’initiative. « En promettant de soulever la question des sanctions ciblées contre le régime, (…) vous aidez au retour de la démocratie dans notre île », écrit le président déchu depuis Johannesburg. « La communauté internationale doit faire pression sur le régime [d’Andry Rajoelina, ndlr]. Les sanctions contre le régime, comme celles mises en place par l’Union africaine, nous [y] aideront », ajoute-t-il, tout en précisant que « toute action doit être ciblée uniquement sur le régime et ne doit pas porter préjudice au peuple malgache ».

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