L’espion qui embarrasse Téhéran

On le croyait enlevé, il a en fait été retourné par les Etats-Unis, selon une enquête de la chaîne de télévision américaine ABC. Le physicien nucléaire iranien Shahram Amiri aurait fait des révélations qui permettent aujourd’hui de discréditer le programme nucléaire de Téhéran.

Le physicien nucléaire iranien Shahram Amiri. © D.R.

Le physicien nucléaire iranien Shahram Amiri. © D.R.

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 1 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

Il y a des histoires d’espionnage qui montrent que la "guerre froide" n’est pas un concept tout a fait dépassé. Shahram Amiri, un physicien nucléaire d’une trentaine d’années qui avait disparu en juin 2009 après son arrivée en Arabie Saoudite – où il se rendait officiellement en pèlerinage – vient de réapparaître dans des circonstances très embarrassantes pour Téhéran. Selon la chaîne de télévision américaine ABC News, qui cite des sources anonymes proches du renseignement américain, ce scientifique a en fait été "retourné" par les autorités américaines dans ce qui "faisait partie d’une opération de la CIA planifiée de longue date ". Il vivrait désormais aux Etats-Unis et travaillerait pour l’agence américaine.

Cette défection est considérée comme une victoire des agents américains dans le cadre de leurs efforts pour contrer le programme nucléaire iranien. Les révélations faites par Shahram Amiri, chercheur à l’Université Malek Ashtar de Téhéran, auraient permis d’étayer un peu plus la thèse américaine sur la finalité militaire du programme nucléaire iranien. Des informations de première main qui, transmises aux services des différents pays du Conseil de sécurité de l’ONU, auraient permis d’accroître la pression diplomatique sur Téhéran.

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Un ancien ministre de la Défense s’évapore

Quoi qu’il en soit, la divulgation de la "trahison" de Amiri n’intervient pas à n’importe quel moment. Pékin semble être sur le point de lever son veto pour un renforcement des sanctions envers Téhéran. Et les Six chargés du dossier (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité plus l’Allemagne) se sont d’ores et déjà mis d’accord pour commencer à en discuter dans les semaines qui viennent.

La disparition du chercheur n’avait été rendue publique qu’en octobre 2009, lorsque le ministre des Affaires étrangères iranien, Manouchehr Mottaki, avait accusé les Etats-Unis d’en être responsables. "Nous avons obtenu des documents démontrant l’implication des Etats-Unis dans la disparition de Shahram Amiri en Arabie Saoudite", avait déclaré M. Mottaki.

Ce n’est pas la première fois qu’un responsable iranien est retourné. La défection la plus importante a sans doute eu lieu en en 2007. Un ex-général des Gardiens de la Révolution et ancien ministre de la Défense, Ali Reza Asghari, s’était alors évaporé dans la nature lors d’un voyage en Turquie. Son nom apparaissait avec celui de Amiri dans une liste d’Iraniens "enlevés" par les Américains, selon Téhéran, qui avait été transmise à l’ONU en 2009 avec des protestations officielles.
 

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