Villepin, l’homme qui menace Sarkozy
Réussissant l’exploit de tancer la politique de Nicolas Sarkozy sans jamais prononcer le nom du président de la République, son éternel rival Dominique de Villepin effectue un retour en force au lendemain des régionales. Il vient d’annoncer la création de son propre « mouvement politique », ce qui laisse augurer de sa candidature à la présidentielle de 2012.
Dominique de Villepin est lancé et rien ne semble pouvoir l’arrêter. Réquisitoire contre Nicolas Sarkozy, création d’un mouvement politique et esquisse d’un programme de gouvernement : l’ancien Premier ministre a endossé jeudi 25 mars son costume de présidentiable. Mondialement célèbre pour avoir dit non à la guerre en Irak à la tribune de l’ONU en 2003, et pour son combat acharné contre le président français dans l’affaire Clearstream, l’homme suscite l’intérêt des médias : quelque 200 journalistes du monde entier assistaient à la mise sur orbite du candidat de moins en moins virtuel à l’Elysée et à l’annonce du lancement de son parti (qui n’en est pas officiellement un) déflorée les jours précédents par certains proches.
"J’ai décidé de créer un mouvement politique, un mouvement libre et indépendant, ouvert à tous (…) au dessus des clivages partisans, qui pourra rassembler toutes les bonnes volontés", a-t-il annoncé à la tribune du Press Club. "Servir la République, servir la France, c’est pour moi la clé de l’engagement politique". "Avec tous ceux qui nous rejoindront, nous porterons sur les fonts baptismaux ce mouvement politique le 19 juin à Paris", a-t-il ajouté.
"Assez des jeux, assez des combinaisons, assez des calculs"
L’ex-Premier ministre a dressé un bilan implacable de la politique sarkozyste. Comme le président, il dit avoir entendu le message des régionales, "message de défiance pour les abstentionnistes, d’exaspération pour les électeurs du FN et de sanction pour l’UMP". "C’est l’échec d’une stratégie, le parti unique, mais aussi d’une politique", a-t-il fustigé.
"Aujourd’hui, tout devient division, comme si la politique était une sorte d’accordéon. On appuie sur des touches, burqa, sécurité, et hop ! on voit les sondages monter. Mais aucun parti politique ne peut gagner si la France perd. A un moment, il faut dire : la République, ce n’est pas cela. Assez des jeux, assez des combinaisons, assez des calculs !"
L’idée du "mouvement" n’est pas de proposer un programme, "mais des pistes", a expliqué l’ex-Premier ministre avant de détailler un catalogue de mesures en forme de politique générale d’un gouvernement. "Il faut revenir au fondement de la France, de la nation, de l’Etat. Notre mot d’ordre, c’est une République solidaire", a-t-il lancé, en fixant "trois priorités" : emploi, innovation, réduction des déficits.
Il propose de "suspendre le bouclier fiscal", "d’augmenter la plus haute tranche de l’impôt sur le revenu, à 45%" et "une surcote pour l’impôt des plus grandes sociétés, de 10 à 15%".
Défenseur de l’Etat, il rejette le remplacement d’un fonctionnaire sur deux : "La politique du rabot n’est jamais (…) une bonne politique". Il propose "une charte sur les salaires pour réduire l’écart entre les revenus", une "participation" de la base aux décisions. Interrogé sur sa filiation gaulliste et chiraquienne, Dominique de Villepin tranche: "Je ne revendique aucune forme de paternité, mais des héritages".
Ni droite ni gauche
"L’UMP est une force réductrice. Nous ne cherchons pas à diviser notre camp mais à additionner", a décrypté en coulisses le député François Goulard pour qui "la création d’un parti était une nécessité" pour la collecte de fonds en vue d’une éventuelle campagne.
"Notre parti s’identifie à la France qui n’est ni de droite ni de gauche", a assuré Jean-Pierre Grand, présent comme tous les députés villepinistes, à l’exception du nouveau secrétaire d’Etat Georges Tron. Pour Dominique de Villepin, le ralliement de cet ancien fidèle au gouvernement Sarkozy "est un choix personnel. Ce n’est pas le mien, mais je lui garde toute mon amitié". (avec AFP)
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