Un détenu de Guantanamo innocenté par la justice

Un juge fédéral a ordonné le 25 mars la libération d’un Mauritanien accusé de terrorisme. Les détenus de la prison la plus célèbre au monde peuvent désormais contester leur incarcération devant la justice.

La prison de Guantanamo, à Cuba. © Reuters.

La prison de Guantanamo, à Cuba. © Reuters.

Publié le 25 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

Mohammedou Ould Slahi a eu gain de cause. Ce Mauritanien détenu à Guantanamo a été blanchi le 25 mars par le juge fédéral américain James Robertson. Il devient ainsi le 34e détenu de cette prison américaine à être reconnu non-coupable des faits qui lui étaient reprochés. Le début d’une réhabilitation pour cet homme qui, depuis 2005, a présenté de nombreux recours contestant son incarcération après les attentats du 11 septembre.

L’administration Bush lui reprochait d’avoir pris part à la "cellule de Hambourg", un groupe impliqué dans les attentats contre le World Trade Center. L’accusation se fondait notamment sur la présence, pendant plusieurs années, de Mohammedou Ould Slahi en Allemagne après son retour d’Afghanistan en 1992.

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Pourtant, dans un recours présenté à la justice de Washington en 2005, il plaidait non-coupable, avançant l’argument selon lequel il s’était lui-même présenté devant les autorités mauritaniennes après les attentats du 11 septembre 2001.

Suspect de haut intérêt

Considéré comme suspect dit de "haut intérêt", il fait partie des personnes à avoir été transférées dans des pays étrangers et détenues des prisons secrètes de la CIA ou confiées aux autortiés locales pour y être interrogées. Tous les témoignages affirment que des tortures ont été commises sur les suspects.

Lors de ses interrogatoires, qui se sont déroulés en Jordanie où il a été retenu pendant 8 mois,  Mohammedou Ould Slahi affirme avoir subi des tortures ayant pour but de le contraindre à avouer. "Ils m’ont rendu fou pour que j’admette avoir quelque chose à voir avec le complot" pour organiser un attentat en 1999 contre l’aéroport de Los Angeles, a-t-il expliqué lors de l’examen à Guantanamo des charges pesant contre lui. "Il y avait tellement de pression et de mauvais traitements que je l’ai admis", a-t-il ajouté.

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"Sale et insoutenable"

Les avocats de Mohamedou Ould Slahi avaient eux aussi dénoncé en mars 2008 les "tortures sévères" subies par leur client, en Jordanie puis à Guantanamo. Ils avaient assuré que son dossier était "tellement sale et insoutenable" qu’un procureur militaire chargé de l’instruction "a dû renoncer, eu égard aux formes cruelles de tortures pratiquées contre lui", à le poursuivre en justice. Malgré les graves accusations pesant contre lui, Mohamedou Ould Slahi n’a en effet jamais été renvoyé devant un tribunal militaire d’exception.

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En décembre, le juge Robertson a mené ses audiences à huis-clos pour des raisons de secret-défense. Désormais, les détenus de Guantanamo ont la possibilité de contester leur emprisonnement devant la justice de droit commun, selon la procédure civile dite d’Habeas corpus. Mais cette décision du juge Robertson ne signifie pas pour autant que Mohamedou Ould Slahi va être bientôt libéré. Une dizaine de détenus blanchis – et donc libérables – sont encore emprisonnés à Guantanamo, soit parce que le gouvernement a fait appel, soit parce qu’aucun pays tiers n’a accepté de les accueillir.  (avec AFP)

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