Facebook et Twitter font peur aux intégristes

Pour marquer les dix ans de la première condamnation à l’amputation du poignet, une association nigériane de défense des droits de l’homme a organisé un débat sur Internet. Un tribunal du nord du pays lui a ordonné de ne plus utiliser les réseaux sociaux pour contester une décision de justice.  

La liberté d’Internet n’est pas du goût des tribunaux islamiques. © D.R

La liberté d’Internet n’est pas du goût des tribunaux islamiques. © D.R

Publié le 23 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

Les réseaux sociaux et la charia ne font pas bon ménage. Du moins dans le Nord du Nigeria, où le tribunal de Magajin Gari à Kaduna, qui applique la charia (loi islamique) a interdit lundi 22 mars à une association de défense des droits de l’homme d’utiliser Twitter et Facebook comme plateforme de débat. Le Civil Rights Congress (CRC) avait voulu profiter du dixième anniversaire de la première amputation du poignet d’un Nigérian poursuivi pour vol pour lancer un débat sur ce thème.

Outre l’interdiction d’en discuter sur la Toile, le tribunal a également ordonné à l’association de fermer le blog qu’elle a consacré à l’affaire. La justice a prononcé "une injonction temporaire empêchant les participants eux-mêmes ou leurs agents (…) d’ouvrir des forums de débats sur Facebook, Twitter, ou tout autre blog dans la finalité de débattre de l’amputation de Malam Buba Bello Jangebe en 2000, conformément à la décision rendue par le tribunal de la charia de Zamfara."

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Ce verdict fait suite à la plainte déposée par les Frères musulmans du Nigeria (Muslim Brotherhood of Nigeria), un groupe islamiste qui a estimé qu’un débat tel que celui porté sur internet par le CRC ne servirait qu’à "se moquer de la charia". Ils ont de plus avancé l’argument selon lequel Buba Bello Jangebe n’avait jamais protesté de sa condamantion, et que critiquer la décision de justice de l’époque était vain, l’amputation étant conforme à la loi en vigueur.

Main artificielle

En 2000, l’Etat de Zamfara, où le Nigérian a été jugé, a été le premier à plaider pour l’application stricte de la loi islamique au moment du retour au pouvoir d’un régime civil après quinze années de dictature militaire. Sur son modèle, onze autre Etats du nord du pays ont ensuite appliqué la même forme de justice.

Le dirigeant du CRC, Shehu Sani, a confirmé la décision du tribunal de Magajin Gadi. "Nous avons ouvert le blog ainsi que des débats en ligne sur Facebook et Twitter il y a dix jours, pour que des Nigérians puissent exprimer leurs opinions sur la charia globalement (…) et sur l’amputation de la main de Malam Buba Bello Jangebe", a-t-il déclaré. A l’époque, le verdict du tribunal avait sucité la colère et l’indignation, aussi bien à travers le pays que parmi la communauté internationale.

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"Cela devait également servir de plateforme pour demander que le gouvernement de Zamfara et le gouvernement fédéral s’excusent auprès de Jangebe et pour que le gouvernement fédéral lui fournisse une main artificielle afin de rémedier à la souffrance qui lui a été infligée", a ajouté Shehu Sani. Qui a par ailleurs indiqué avoir été contacté au téléphone jeudi dernier par les Frères musulmans du Nigeria. "Nous n’avons pas réussi à trouver un accord, a-t-il expliqué. Et je pense que c’est pour cela qu’ils sont allés en justice".

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