Des quadras très entreprenants
Ils sont actifs dans l’immobilier, la distribution, les médias ou les transportd. Portrait de trois dirigeants de sociétés devenues leaders sur leur créneau.
Djibouti : grandes manoeuvres
Houssein Mahamoud Robleh : multicarte
Directeur général de Kamaj
À 46 ans, Houssein Mahamoud Robleh dirige l’un des groupes privés les plus diversifiés de Djibouti. De l’immobilier à la distribution, en passant par la sécurité et l’hôtellerie, la carte de visite du patron de Kamaj mentionne dix activités différentes, en attendant celles qui ne manqueront pas de venir s’y ajouter, comme les transports. « Il est important de se diversifier. Dans un pays où la taille du marché reste réduite, les petites rivières se réunissent pour former les grands fleuves », explique-t-il. Depuis près de vingt ans, Houssein Mahamoud Robleh a su saisir les opportunités qui se sont présentées, au point de n’être plus connu dans son pays que sous le surnom de « Kamaj ».
Le natif de Dikhil, dans le sud du pays, a rapidement eu la fibre commerçante. « Cette petite ville marchande, proche de l’Éthiopie, était florissante dans les années 1970 », se souvient l’homme d’affaires, qui comprit très vite qu’il ne deviendrait pas fonctionnaire dans un pays où le secteur public procure pourtant traditionnellement les deux tiers des emplois. Parti poursuivre ses études à Reims (France), il rentre à Djibouti au début des années 1990, diplôme d’économie en poche, pour lancer sa propre activité. Le temps de trouver le nom de sa société – « en jouant au scrabble », dit-il -, le jeune entrepreneur crée Kamaj en 1995 et active les bons réseaux pour s’ouvrir les portes d’un marché immobilier alors en plein boom. Sur un secteur peu structuré, il se fait vite un nom et en profite pour intégrer les métiers du gardiennage et de la sécurité. Son premier coup, Robleh le réalise dans la foulée de l’arrivée du contingent américain à Djibouti, en 2002, « en donnant un coup de main à Halliburton pour la construction de leur base », indique-t-il.
Dès 2004, il se passionne pour une nouvelle aventure, celle de la distribution – alors déclinante – de la presse internationale dans son pays. « J’étais frustré de voir Djibouti se couper du monde », explique ce lecteur de Jeune Afrique, qui n’hésite pas à s’improviser distributeur de presse, « même si ce n’est pas le secteur qui m’aura rapporté le plus ». Il gagne certainement davantage dans le tourisme, que le groupe Kamaj découvre en 2011 avec l’ouverture dans la capitale de l’hôtel Les Acacias, un établissement de 70 chambres en bord de mer, dans le quartier du Héron.
Qualifiant le secteur de « pilier de croissance pour l’économie djiboutienne », Robleh est convaincu du potentiel touristique de son pays. Au point de dépenser 1 million d’euros pour aménager un deuxième hôtel Les Acacias, de grand standing, dans la région du Day (qui sera inauguré en juillet). Les yeux pétillants, il imagine déjà les touristes se promener à cheval dans les célèbres forêts de genévriers, à un jet de pierre de la propriété du président, Ismaïl Omar Guelleh.
Lui-même se sent investi d’une mission : contribuer au développement de son pays et au bien-être de sa population. Dans les années 2000, il a racheté et rénové le marché de Riad, devenu aujourd’hui l’un des points de vente les plus modernes. Il a voulu faire de même avec la Laiterie de Djibouti, alors société publique. Trop lourd pour lui : il jettera l’éponge au bout de six mois d’exploitation. « J’ai perdu une bataille, mais pas la guerre », insiste celui qui a été nommé meilleur investisseur djiboutien en 2012 par l’Office national du tourisme de Djibouti.
En même temps qu’il rêve de revenir sur le secteur des produits laitiers, Robleh suit de très près les évolutions en cours dans la filière transports. Revendiquant la paternité d’un projet de compagnie maritime djiboutienne, il souhaite également constituer, avec des partenaires, une flotte de 300 camions pour concurrencer les Éthiopiens. « Il faut y croire, rêver grand et surtout agir vite », résume-t-il. C’est en suivant ce mode d’emploi qu’il a fait de Kamaj un groupe qui emploie désormais plus de 400 personnes.
Ahmed Abdourazak : pionnier de la com
Directeur général d’ACS
Cela fait maintenant dix ans qu’Abdourazak Ahmed est tombé dans le panneau… publicitaire. Trop à l’étroit dans la banque qui l’employait, ce Djiboutien de 41 ans a fondé en 2003 sa propre société dans le secteur alors balbutiant de la communication. C’est au cours d’un voyage à Dubaï que ce bon vivant se découvre de nouveaux horizons, « en voyant les enseignes de magasins et les grands panneaux publicitaires », explique-t-il. Son entreprise, ACS, emploie aujourd’hui une trentaine de personnes et revendique un chiffre d’affaires annuel d’environ 750 000 euros.
Précurseur dans son pays en proposant des supports « modernes et novateurs », ACS a vite rencontré sa clientèle. « Les gens ont rapidement répondu présent, au point de créer eux-mêmes leurs besoins », précise Abdourazak Ahmed, qui compte dans son portefeuille clients les principales sociétés publiques et privées de Djibouti. Il s’est également lancé dans la presse promotionnelle gratuite, en publiant le mensuel Djib Out, dont le 95e numéro sort en juillet. Un succès qui en appelle d’autres pour ACS et son fondateur, qui rêve aujourd’hui de radio et de télévision.
Mohamed Ali Bourhan : en toute logistique
Directeur commercial de Chab Express Transit Services
La biologie mène décidément à tout. Bien décidé à devenir ingénieur agronome au Canada après avoir passé son Deug à Nice (France) au tournant des années 1990, Mohamed Ali Bourhan est aujourd’hui à la tête de Chab Express Transit Services, l’une des principales sociétés de transport à Djibouti. « Il n’y a que ça ici », s’amuse celui qui est aussi président de la Fédération nationale des PME-PMI.
Pas de regrets pour ce patron de 42 ans, originaire de Tadjourah et rentré au pays sur les conseils de son père. « Le business marche bien », confirme-t-il. Créé en 1998, Chab Express Transit Services compte aujourd’hui plus de 20 employés, une dizaine de camions et réalise près de 6 millions d’euros de chiffre d’affaires. La compagnie affiche même ces dernières années des taux de croissance à deux chiffres, « grâce aux échanges avec l’Éthiopie, qui représentent plus de 99 % de notre activité », précise Bourhan. Au point de devoir rapidement aller chercher dix nouveaux camions en Chine, « pour accompagner la tendance ».
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