Sarkozy critiqué pour son « rafistolage » du gouvernement
Le remaniement après la défaite des élections régionales, qualifié de « technique » par l’Elysée, est sévèrement critiqué par la presse française. Deux membres du « camp Chirac-Villepin », François Baroin et Georges Tron, font leur entrée au gouvernement (respectivement au ministère du Budget et au secrétariat d’Etat auprès du ministre du Travail ), de même que Marc-Philippe Daubresse qui devient ministre de la Jeunesse et des Solidarités actives. Ce dernier récupère les attributions de Martin Hirsch, qui quitte le gouvernement. L’ex-ministre du Travail Xavier Darcos, qui a subi une sévère défaite dans la région Aquitaine, est évincé tandis qu’Eric Woerth passe du ministère du Budget à celui du Travail.
"Rafistolage", réponse "riquiqui", "adieu l’ouverture, bonjour la fermeture": le mini-remaniement du gouvernement Fillon est "insignifiant" au regard de la "claque" subie par la droite aux élections régionales, estime la presse de mardi.
Petite cuisine de l’UMP
"Poussée à gauche? Montée verte? Retour du FN? Non: l’essentiel, à en croire l’esprit de ce remaniement plus politique que technique, c’était l’appel à Georges Tron, autrement dit, l’impérieuse nécessité d’intégrer au gouvernement quelques francs-tireurs du villepinisme", analyse Laurent Joffrin dans Libération. Pour le directeur du quotidien, "ce geste tactique n’a en fait rien à voir avec le vote des Français et tout avec la petite cuisine de l’UMP".
"Il s’agit de quelques ajustements, de quelques vis à remplacer et de quelques boulons pour mieux serrer les rangs et tenter de continuer comme avant", écrit Maurice Ulrich dans L’Humanité. Car il est clair pour Erik Izraelewicz (La Tribune) qu’"au lendemain de la défaite, la réponse de l’Elysée est claire: le cap est maintenu, la réforme des retraites, a priori explosive, est même portée au rang de priorité des priorités".
Calcul politicien
Mais Jean-Francis Pécresse prévient dans Les Echos que "le remaniement du gouvernement était devenu nécessaire", ajoutant qu’"il serait insuffisant s’il n’était pas suivi d’un remaniement de politique". De cela, les éditorialistes doutent largement. Il fallait "d’abord calmer le jeu dans son propre camp", explique Francis Lachat dans Le Courrier picard. Nicolas Sarkozy "n’entend pas remanier sa politique, mais conforter sa mainmise sur ses troupes", estime Francis Brochet dans Le Progrès de Lyon.
"Ouvrir le gouvernement à l’héritier de Jacques Chirac, François Baroin et à un villepiniste comme Georges Tron apparaît comme des rustines pour empêcher le pneu gouvernemental de crever", juge Jean-Marcel Bouguereau (La République des Pyrénées). "Adieu l’ouverture, bonjour la fermeture", ironise François Martin dans le Midi Libre. "On n’a eu droit qu’à un rafistolage qui, derrière l’immolation de Xavier Darcos, dissimule un minable calcul politicien", affirme Philippe Waucampt (Le Républicain lorrain).
"La claque des régionales n’aura donc – pour l’heure – reçu qu’une réponse bien riquiqui", aux yeux de Jacques Guyon dans La Charente Libre. Emmanuel Caloyanni (Le Courrier de l’Ouest) y voit "un signe bien faible et insignifiant envoyé aux Français au lendemain d’un vote calamiteux pour le pouvoir".
"Il est peu probable que la France du 22 mars, celle qui doute, qui s’abstient et qui sanctionne, trouve dans ce petit jeu de chaises politiques de quoi reprendre goût à la grande musique civique", conclut Didier Pobel dans Le Dauphiné Libéré.
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