Requiem pour un moteur ?

Google a décidé, mardi 23 mars, de ne plus assumer la politique de censure imposée par la Chine sur son territoire. Prenant une décision médiane dans le conflit qui l’oppose depuis janvier aux autorités de Pékin, le géant de l’internet ne ferme pas son moteur chinois, mais transfère ses connexions sur celui de Hong-Kong, ce qui ne change pas grand choses pour les internautes.

Le siège chinois de Google, à Pékin, pourrait disparaître. © AFP

Le siège chinois de Google, à Pékin, pourrait disparaître. © AFP

Publié le 23 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

Le bras de fer continue entre Google et la Chine. Mais à distance. En ce qui concerne la poursuite de ses opérations sur le marché chinois – fort de 380 millions d’internautes tout de même – la firme de Mountain View Google a opté pour la solution médiane en fermant son moteur de recherche Google.cn, dont les visiteurs seront automatiquement redirigés vers son site de Hong Kong, Google.com.hk. Google reste donc en Chine tout en continuant à ne plus censurer ses résultats.

Cyberattaques

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La législation chinoise oblige les moteurs de recherche à filtrer leurs résultats en interceptant des contenus sensibles, notamment ceux qui concernent la résistance tibétaine. Mais le géant de l’internet refuse de s’y plier depuis la vague de piratage dont il a été victime en janvier. Il y a deux mois, la firme américaine a révélé avoir été victime de cyberattaques menées depuis deux écoles chinoises, ce que Pékin a aussitôt démenti. Et, selon le directeur juridique de Google, David Drummond, des « comptes Internet Gmail de militants chinois des droits de l’Homme » ont été visités.

La décision de Google de contourner la censure chinoise en se basant à Hong-Kong a provoqué une virulente réaction chinoise. "Google a violé une promesse écrite qu’il avait faite en arrivant sur le marché chinois en arrêtant de filtrer son moteur de recherche et en insinuant que la Chine est derrière des attaques de pirates informatiques", s’est offusqué un responsable de l’internet du bureau d’Etat pour l’Information.

200 millions de dollars

Mais Pékin ne pratique pas de surenchère. Il s’agit d’« un dossier commercial particulier » qui n’aura pas d’influence sur les relations sino-américaines à moins qu’il n’existe une volonté de « politiser » le dossier de la part de Washington, a déclaré le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères Qin Gang. La Chine a par ailleurs annoncé que la prochaine session du dialogue économique et stratégique sino-américain se tiendrait fin mai à Pékin, alors que les rapports entre les deux puissances connaissent actuellement des tensions.

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La décision de Google demeure cependant symbolique, car cela ne change apparemment pas grand chose pour les internautes chinois. Les recherches sur des sites censurés comme ceux liés au mouvement démocratique du 4 juin 1989 aboutissent à une page blache malgré le reroutage à partir de Hong-Kong. Il semble que le système de pare-feu érigé par les autorités chinoises soit en mesure de filtrer toutes les recherches faites en Chine. En optant pour une solution intermédiaire, Google indique donc qu’il n’est peut-être pas encore prêt à renoncer à un chiffre d’affaires annuel en Chine estimé par la firme d’analystes Collins Stewart à 200 millions de dollars.
 

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