Pépites et paillettes
Des indices aurifères prometteurs ont été découverts dans l’Ouest. La phase d’exploration peut commencer, conduite par le britannique Stratex et le sud-africain AngloGold Ashanti.
Djibouti : grandes manoeuvres
Jusqu’à présent, lorsque les pouvoirs publics de Djibouti parlaient de minerais, c’était pour évoquer ceux des autres. Ces millions de tonnes de potasse éthiopienne et de cuivre katangais (RD Congo) que le pays rêve tout haut de voir transiter via son port en direction des marchés d’Orient. Pourtant, depuis le mois de février et la découverte d’indices aurifères prometteurs dans l’ouest du pays, Djibouti nourrit de nouvelles ambitions et compte bien entrer de plain-pied dans le club de moins en moins fermé des pays africains producteurs d’or.
Derrière son bureau recouvert de cartes géologiques et d’échantillons de minerais, Aiden Lavelle se veut confiant. « Nous avons trouvé des traces d’or suffisamment importantes pour changer l’avenir du pays », s’enthousiasme le jeune chef de projet de la compagnie britannique Stratex International, présente dans le pays depuis 2010. Il lui a fallu près de trois ans pour découvrir le coffre-fort djiboutien, non loin du lac Assal. « Le potentiel aurifère du pays avait depuis longtemps été identifié par les Français, mais il était très difficile de trouver l’emplacement exact des veines », explique Lavelle, qui a dû sillonner la région pendant quatre jours à bord d’un hélicoptère avant de localiser le gisement.
S’il est encore trop tôt pour connaître avec précision les volumes de production du site, baptisé Pandora par les géologues de Stratex, le potentiel semble être suffisamment prometteur pour qu’AngloGold Ashanti commence à envoyer ses propres équipes sur place afin qu’elles prennent le relais de la « junior » britannique. Pour trouver les 3 millions de dollars (environ 2,3 millions d’euros) nécessaires au financement de la phase d’exploration, Stratex a en effet créé en 2011 une coentreprise avec le groupe sud-africain, troisième producteur mondial d’or, et le dubaïote Thani Investments (l’association AngloGold-Thani se réservant 51 % de l’ensemble ainsi constitué).
Postulants
La campagne de forage devrait débuter en septembre 2013 et durer plusieurs mois, « avant qu’AngloGold confirme ou pas la viabilité économique du projet », précise Aiden Lavelle. Première compagnie minière présente sur le territoire, Stratex sait qu’en cas de succès lors des premiers forages, d’autres postulants pourraient vite frapper à la porte du pays. Les autorités djiboutiennes sont prêtes. Elles disposent depuis 1994 d’un code minier « digne des pays producteurs occidentaux », souligne Lavelle.
Un toilettage est pourtant à l’ordre du jour, « afin d’être sûr que toutes les parties impliquées soient satisfaites, des investisseurs à l’État, en passant par les populations », insiste Ali Yacoub Mahamoud, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles. D’autant qu’en plus de l’or, les sous-sols de Djibouti recèlent d’autres richesses comme le gypse, le lithium, ou la perlite, dont les réserves sont estimées à 30 millions de tonnes par les services du ministère.
Du sel pour l’Asie
Le passé minier de Djibouti s’est longtemps résumé au sel tiré du lac Assal, puis aux salines ouvertes dans les années 1960. La production, qui n’a jamais dépassé les 100 000 t par an, devrait bondir dès 2015 avec l’inauguration d’un terminal au Goubet, capable d’exporter chaque année 6 millions de tonnes de sel en provenance du lac. Financé par la China Exim Bank à hauteur de 64 millions de dollars (environ 50 millions d’euros), le projet est porté par la société djiboutienne Salt Investment, qui prévoit d’installer un convoyeur de 16 km entre les deux sites d’extraction et d’exportation. Le sel djiboutien est destiné aux pays d’Asie et du Moyen-Orient, pour leurs industries pétrolières et pharmaceutiques.
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