Lune de miel sans fausse pudeur
Les cinq conventions que la France a signé avec le Mozambique, le 11 mars, démontrent « l’intérêt particulier » de Paris pour ce pays pourtant récemment lâché par ses bailleurs habituels. Ceux-ci critiquent les pratiquent peu démocratiques du parti au pouvoir.
Depuis qu’elle a pris ses fonctions de secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, il y a deux ans, la Française Anne-Marie Idrac ne s’était jamais rendue au Mozambique. Elle s’est rattrapée jeudi 11 mars en signant à Maputo cinq conventions de financement d’un montant total de 64 millions d’euros. Deux autres devraient suivre, qui porteraient l’engagement de la France au Mozambique à 76 millions d’euros en 2010.
La signature a eu lieu en compagnie du ministre des Finances, Manuel Chang, du Front national de libération du Mozambique (Frelimo). Selon Anne-Marie Idrac, elle démontre « l’intérêt particulier » que la France porte à ce pays qui cumule « les bonnes performances macro-économiques ». Le Mozambique est, cette année, l’un des seuls cinq pays du continent qui sont éligibles à l’obtention de crédits français.
Potentialités énormes
« Pour la première fois depuis très longtemps, la France a accordé des prêts souverains au Mozambique », s’est félicité un diplomate français. Jusqu’à présent, Paris ne contribuait que sous forme de dons au développement du pays. La France ne se situe qu’au 8e rang des investisseurs étrangers au Mozambique, loin derrière l’Afrique du Sud, le Royaume-Uni, le Portugal et Maurice.
Les cinq conventions signées portent sur l’énergie (20 millions d’euros pour le développement du secteur électrique), l’environnement (4 millions pour consolider le développement du Parc national des Quirimbas), les finances (aide budgétaire globale de 10 millions), l’enseignement supérieur (0,9 millions)…
Mme Idrac a appelé les entreprises françaises, notamment celles installées à la Réunion et à Mayotte, à investir au Mozambique. Pour l’heure, on n’en compte qu’une petite vingtaine. « Il est difficile de convaincre les groupes français d’investir au Mozambique. Quand on leur parle d’Afrique lusophone, ils pensent à l’Angola. Pourtant, il y a énormément de potentialités », explique un entrepreneur français basé à Maputo.
Démocratie contestée
La France pragmatique de Nicolas Sarkozy chercherait-elle des opportunités dans le dos de la communauté internationale ? Lors d’une conférence de presse organisée après la signature, Mme Idrac n’a en tout cas pas souhaité s’étendre sur la question qui passionne la presse nationale : la suspension depuis le début de l’année de l’aide budgétaire du G 19, le groupe des 19 bailleurs de fonds multilatéraux qui aident le Mozambique, et où les pays du Nord de l’Europe sont prépondérants.
Le G 19 demande au gouvernement mozambicain, en échange du décaissement de cette aide, d’enclencher une réforme du processus électoral et un renforcement de la lutte contre la corruption. Une exigence née après les élections générales du 28 octobre 2009, qui avaient vu la victoire du Frelimo dans des circonstances peu honorables.
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