La ville d’Amsterdam sera poursuivie en justice

Coup de théâtre: selon une décision de la Cour suprême des Pays-Bas, la ville d’Amsterdam pourrait être condamnée pour s’être « débarrassée » des déchets toxiques du Probo Koala, qui avaient ensuite été déchargés dans la région d’Abidjan. Ce qui avait provoqué une grave crise sanitaire.

En 2006, les déchets du Probo Koala avaient causé des milliers d’intoxications © AFP

En 2006, les déchets du Probo Koala avaient causé des milliers d’intoxications © AFP

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Publié le 11 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

L’affaire du Probo Koala vient de connaître un rebondissement d’envergure. Après les tergiversations sur l’indemnisation des victimes des déversements de déchets toxiques du cargo affrété par la société Trafigura dans la zone d’Abidjan en 2006, la Cour suprême néerlandaise a décidé de renvoyer la ville d’Amsterdam devant la justice, mercredi 10 mars. La capitale des Pays-Bas pourra être poursuivie pour s’être "débarrassée" de ses déchets polluants, qui ont ensuite été déversés par le Probo Koala en Côte d’Ivoire en 2006. Le jugement infirme les précédentes décisions de la justice selon lesquelles la municipalité ne pouvait faire l’objet de poursuites à ce sujet.

Amsterdam refuse de traiter les déchets du Probo Koala
Avant l’épisode ivoirien, le Probo Koala avait d’abord déchargé sa cargaison toxique pour retraitement au port d’Amsterdam. Mais le cargo avait dû rembarquer ses déchets. L’affréteur du cargo avait affirmé avoir pris cette décision lui-même à cause du prix élevé réclamé par la société Amsterdam Port Services (APS) pour s’occuper des déchets. Mais selon le dernier jugement, c’est en réalité la ville d’Amsterdam qui avait ordonné qu’ils ne soient pas traités sur son territoire, et emmenés ailleurs.

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Après une livraison de carburant à Lagos, au Nigeria, Trafigura a traité avec une société ivoirienne, beaucoup moins regardante, sans vérifier si celle-ci avait la capacité de traiter ces déchets spéciaux. Ils s’étaient finalement retrouvés dans plusieurs décharges à ciel ouvert d’Abidjan provoquant la mort d’au moins 17 personnes, selon la justice ivoirienne, et des milliers d’intoxications.

Polémique sur l’origine des décès
Un rapport de l’ONU avait établi en septembre 2009 l’existence d’un lien "solide" entre les déchets toxiques et les décès survenus à Abidjan. Mais la compagnie Trafigura, multinationale spécialisée dans le commerce de produits pétroliers dont le siège se trouve aux Pays-Bas, a toujours nié que ses déchets ait pu provoquer décès et maladies graves. Un accord d’indemnisation à hauteur de 34 millions d’euros a été signé en septembre 2009 avec le représentant des familles des victime, le cabinet d’avocat Leigh Day & Co. Celui-ci a entériné les résultats d’une expertise selon laquelle « les décès, les fausses couches, les naissances d’enfants mort-nés, les malformations, les pertes d’acuité visuelle ou d’autres maladies graves et chroniques » ne pouvaient pas être imputés au déversement de déchets.

Auparavant, en février 2007, Trafigura avait conclu un accord amiable avec l’Etat ivoirien qui arrêtait toute poursuite en contrepartie du versement d’une indemnisation globale de plus de 100 milliards de FCFA (152 millions d’euros).

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