L’affront de Tel Aviv à Washington

Israël a autorisé la construction de 1 600 logements dans une colonie de Jérusalem-est alors que le vice-président américain Joe Biden était sur son sol afin de relancer les pour-parlers de paix israélo-palestiniens. Washington a fermement condamné la poltique du gouvernement de Benyamin Netanyahou et le parti travailliste israélien menace de quitter la coalition au pouvoir.

Joe Biden (au centre) a rencontré hier le Premier ministre palestinien, Salam Fayyad © AFP

Joe Biden (au centre) a rencontré hier le Premier ministre palestinien, Salam Fayyad © AFP

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 11 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

C’est une véritable gifle diplomatique qu’Israël vient d’infliger aux Etats-Unis. Alors que le vice-président américain Joe Biden était en visite dans l’Etat hébreu après avoir obtenu – à l’arraché – la reprise du dialogue de paix indirect entre Israéliens et Palestiniens, le gouvernement a annoncé la délivrance d’autorisations pour la construction de 1 600 nouveaux logements dans la colonie orthodoxe de Ramat Shlomo, à Jérusalem-est.

Les implantations "violent la loi internationale"
Fait inhabituel dans les relations américano-israéliennes, Washington a fermement condamné cette nouvelle extension de la colonisation. "Le contenu et le moment de cette annonce, en particulier avec le lancement des pour-parlers de proximité, sont justement le genre de mesure qui sape la confiance nécessaire dont nous avons besoin en ce moment précis", a déclaré Biden. L’Onu a également condamné la décision israélienne par la voix de son secrétaire général Ban-Ki moon, qui a rappelé que "les implantations violent la loi internationale".

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La politique israélienne s’assimile d’autant plus à un camouflet pour les Etats-Unis que Joe Biden avait réaffirmé "l’engagement absolu, total et sans réserve des Etats-Unis en faveur de la sécurité d’Israël" quelques heures plus tôt.

La crise diplomatique entre Tel Aviv et Washington pourrait avoir des conséquences politiques internes : le Parti travailliste a menacé de quitter la coalition du Premier ministre Benyamin Netanyahou. "Les travaillistes ont de plus en plus de difficultés à participer à la coalition gouvernementale dans laquelle ils sont entrés pour relancer le processus de paix avec les Palestiniens", a déclaré le ministre travailliste de l’Agriculture, Shalom Simhon, sur la radio militaire. "La colère de Biden est justifiée. Une grave erreur a été commise [par Israël], et il y a un prix à payer", a-t-il ajouté.

Mahmoud Abbas veut l’annulation du projet de construction
Le ministre travailliste des Affaires sociales, Yitzhak Herzog, a de son côté estimé que "le gouvernement n’a pas fait preuve de sagesse ces derniers jours, et doit être beaucoup plus prudent, notamment en surveillant étroitement le mécanisme des prises de décisions qui ont un impact politique".

Une défection des travaillistes aurait des conséquences politiques importantes : le parti dispose de cinq ministres au gouvernement, dont le Premier-ministre adjoint et ministre de la Défense Ehud Barak. Mais cela ne ferait toutefois pas chuter le gouvernement Netanyahou, le parti travailliste n’ayant obtenu, avec 10 % des voix, que 13 sièges sur 120 à la Knesset lors des dernières législatives.

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Sans surprise – c’était vraisemblablement son objectif -, l’annonce du gouvernement israélien a eu un impact sur les négociations de paix : le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a informé la Ligue arabe mercredi qu’il ne reprendrait pas les négociations avec Israël sans l’annulation du nouveau projet de colonisation de Jérusalem-est. (avec AFP)

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