Les Etats-Unis cèdent face à Kadhafi

Le porte-parole du département d’Etat américain, Philip J. Crowley, a présenté ses excuses à la Libye hier pour ses commentaires ironiques à propos d’un discours de Mouammar Kadhafi devant l’ONU en septembre 2009. Répondant à la question d’un journaliste, il avait estimé que le « Guide » libyen avait « beaucoup trop de paroles, mais pas nécessairement du bon sens », ce qui avait provoqué la fureur de Tripoli.

Mouammar Kaddafi devant l’assemblée générale de l’ONU, le 23 septembre 2009, à New York © ONU

Mouammar Kaddafi devant l’assemblée générale de l’ONU, le 23 septembre 2009, à New York © ONU

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Publié le 10 mars 2010 Lecture : 1 minute.

Probablement échaudés par le cas Suisse, le département d’Etat américain n’a pas voulu prendre le risque de s’embarquer dans un conflit diplomatique avec l’imprévisible régime de Tripoli. Il a donc demandé à son porte-parole, Philip Crowley, de présenter ses excuses pour des propos déplacés concernant le "Guide" libyen Mouammar Kadhafi, ce qui a été fait hier.

Excuses exigées par Tripoli
Commentant justement les relations entre Berne et Tripoli, Crowley s’était laissé aller à quelques commentaires ironiques – et très maladroits pour un diplomate de son rang – sur le discours de Kadhafi devant l’ONU le 23 septembre 2009. "Beaucoup trop de paroles, mais pas nécessairement du bon sens", avait-il plaisanté, en réponse à la question d’un journaliste.

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Des déclarations qui ont bien évidemment offusqué Tripoli. L’ambassadeur libyen à Washington, Ali Aujali, a donc exigé des excuses, et les représentants des compagnies pétrolières américaines à Tripoli ont été convoqués par le responsable libyen du secteur des hydrocarbures, Chokri Ghanem. La menace de représailles économiques envers les Etats-Unis a été prise très au sérieux. Ceux-ci ont acheté pour deux milliards de dollars d’or noir à la Libye en 2009.

Le sens du terme "djihad" précisé
Après avoir attendu plusieurs jours, Philip Crowley a donc présenté ses excuses. Ses propos étaient "devenus un obstacle au développement des relations bilatérales", "ne reflétaient pas la politique américaine, et n’avaient pas pour but de blesser", a-t-il affirmé. "Je m’excuse si elles ont été comprises dans ce sens".

Par ailleurs, le mea culpa américain a été rendu plus facile par les précisions de l’ambassadeur libyen sur le terme « djihad » (guerre sainte), employé par le colonel Kadhafi à l’encontre de la Suisse. Il s’agissait d’un appel au boycott et non à la "violence armée", a assuré Ali Aujali, reprenant la définition utilisée par Kadhafi lui-même. "Le djihad contre la Suisse, contre le sionisme, contre l’agression étrangère (…) n’est pas du terrorisme", avait déclaré le "Guide" le 25 février, après le référendum helvétique pour l’interdiction des minarets.

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