Les Etats-Unis cèdent face à Kadhafi
Le porte-parole du département d’Etat américain, Philip J. Crowley, a présenté ses excuses à la Libye hier pour ses commentaires ironiques à propos d’un discours de Mouammar Kadhafi devant l’ONU en septembre 2009. Répondant à la question d’un journaliste, il avait estimé que le « Guide » libyen avait « beaucoup trop de paroles, mais pas nécessairement du bon sens », ce qui avait provoqué la fureur de Tripoli.
Probablement échaudés par le cas Suisse, le département d’Etat américain n’a pas voulu prendre le risque de s’embarquer dans un conflit diplomatique avec l’imprévisible régime de Tripoli. Il a donc demandé à son porte-parole, Philip Crowley, de présenter ses excuses pour des propos déplacés concernant le "Guide" libyen Mouammar Kadhafi, ce qui a été fait hier.
Excuses exigées par Tripoli
Commentant justement les relations entre Berne et Tripoli, Crowley s’était laissé aller à quelques commentaires ironiques – et très maladroits pour un diplomate de son rang – sur le discours de Kadhafi devant l’ONU le 23 septembre 2009. "Beaucoup trop de paroles, mais pas nécessairement du bon sens", avait-il plaisanté, en réponse à la question d’un journaliste.
Des déclarations qui ont bien évidemment offusqué Tripoli. L’ambassadeur libyen à Washington, Ali Aujali, a donc exigé des excuses, et les représentants des compagnies pétrolières américaines à Tripoli ont été convoqués par le responsable libyen du secteur des hydrocarbures, Chokri Ghanem. La menace de représailles économiques envers les Etats-Unis a été prise très au sérieux. Ceux-ci ont acheté pour deux milliards de dollars d’or noir à la Libye en 2009.
Le sens du terme "djihad" précisé
Après avoir attendu plusieurs jours, Philip Crowley a donc présenté ses excuses. Ses propos étaient "devenus un obstacle au développement des relations bilatérales", "ne reflétaient pas la politique américaine, et n’avaient pas pour but de blesser", a-t-il affirmé. "Je m’excuse si elles ont été comprises dans ce sens".
Par ailleurs, le mea culpa américain a été rendu plus facile par les précisions de l’ambassadeur libyen sur le terme « djihad » (guerre sainte), employé par le colonel Kadhafi à l’encontre de la Suisse. Il s’agissait d’un appel au boycott et non à la "violence armée", a assuré Ali Aujali, reprenant la définition utilisée par Kadhafi lui-même. "Le djihad contre la Suisse, contre le sionisme, contre l’agression étrangère (…) n’est pas du terrorisme", avait déclaré le "Guide" le 25 février, après le référendum helvétique pour l’interdiction des minarets.
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