L’Afrique, seule région au monde où les investissements sont en hausse

Contrairement à la tendance mondiale pour 2012, les investissements directs étrangers (IDE) ont augmenté de 5% en Afrique, selon le rapport annuel de la Cnuced publié le 26 juin. Revue détaillée.

Selon la Cnuced, les ressources naturelles demeurent le principal pôle d’attraction des IDE en Afrique. © AFP

Selon la Cnuced, les ressources naturelles demeurent le principal pôle d’attraction des IDE en Afrique. © AFP

Publié le 27 juin 2013 Lecture : 4 minutes.

Chute de 32%

Pour la première fois en 2012, les pays en développement ont reçu plus d’IDE que les pays dévéloppés, touchés par une chute spectaculaire de 32% des investissements internationaux. Toutefois, le ralentissement mondial n’épargne pas non plus l’Asie de l’Est et du Sud-Est et l’Amérique Latine, avec respectivement une chute de 5% et de 2% des IDE entrants.

la suite après cette publicité

L’Afrique est donc la seule région du monde (telle que définie par la Cnuced) vers laquelle les flux financiers ont augmenté, avec un passage de 47 milliards en 2011, à 50 milliards de dollars en 2012. Par rapport aux 1350 milliards de dollars d’IDE au niveau mondial, le continent reste toutefois toujours un acteur mondial secondaire, puisque seuls 3,7% des IDE globaux lui ont été destinés l’année dernière. Par ailleurs, les sorties d’IDE des pays africains ont presque triplé en 2012, atteignant un record de 14 milliards de dollars, en augmentant dans toutes les parties du continent.

Les ressources naturelles, principal pôle d’attraction

Pour la Cnuced, les ressources naturelles demeurent le principal pôle d’attraction des IDE en Afrique. Le secteur manufacturier et les services gagnent doucement du terrain, alors qu’augmente le pouvoir d’achat d’une classe moyenne émergente. Ainsi entre 2008 et 2012, la part des secteurs liés à la consommation dans la valeur totale des projets d’investissements de création de capacités est passée de 7 à 23 %. 

Top 10 des bénéficiaires d’IDE en Afrique en 2012 (en milliards de dollars, source : Cnuced)

la suite après cette publicité

1. Nigeria – 7
2. Mozambique – 5,2
3. Afrique du Sud – 4,6
4. RD Congo – 3,3
5. Ghana – 3
6. Maroc – 2,8
7. Egypte – 2,8
8. Congo – 2,7
9. Sudan – 2,4
10. Tunisie – 1,9

Les flux et les types d’IDE ont connu néanmoins de fortes fluctuations selon les régions du continent. En Afrique du Nord, les investisseurs internationaux ont repris confiance après une période de déclin lié aux troubles politiques qui ont marqué l’année 2011. Les flux d’IDE sont en hausse de 35 %, soit 11,5 milliards de dollars en 2012. Ce redressement s’explique pour une grande part par le retournement de la situation en Égypte où après un spectaculaire retrait en 2011, les investissements remontent. Même phénomène en Tunisie, où la hausse est de 60% à 1,9 milliard. Au Maroc, les flux entrants d’IDE augmentent de 10% tandis que ceux à destination de l’Algérie chutent (-42%), avec respectivement 2,8 et 1,5 milliards de dollars.

la suite après cette publicité

Afrique du Nord et de l’Est en hausse

La récente découverte de nouveaux gisements de gaz en Tanzanie et de nouveaux champs de pétrole en Ouganda ont attiré des investissements supplémentaires en Afrique de l’Est. Les flux d’IDE dans la région sont passés de 4,6 milliards de dollars en 2011 à 6,3 milliards de dollars en 2012. En revanche, en Afrique australe, les entrées d’IDE ont chuté de 8,7 milliards de dollars en 2011 à 5,4 milliards de dollars en 2012 et ce malgré des divergences sensibles selon les pays. Par exemple, les investissements au Mozambique ont doublé, à 5,2 milliards de dollars, attirés par les immenses gisements de gaz en mer, alors qu’en Angola, ils ont baissé pour la troisième année consécutive (-6,9 milliards de dollars). Les flux d’IDE vers l’Afrique du Sud, très fluctuants ces dernières années, sont tombés de 24 % en 2012, à 4,6 milliards de dollars. En revanches, les sorties d’IDE ont fortement rebondi, à 4,4 milliards de dollars, et le pays est redevenue la première source d’IDE en Afrique. En effet, en 2012, les entreprises sud-africaines ont acquis de nombreuses participations dans le secteur minier ainsi que dans les secteurs du commerce de gros et des soins de santé.

La Mauritanie et la Côte d’Ivoire démarrent

Les flux d’IDE vers l’Afrique de l’Ouest déclinent de 5 %, à 16,8 milliards de dollars. Une diminution, largement liée à la baisse de 21 % au Nigeria, qui reste le premier bénéficiaire d’IDE du continent (7 milliards) mais pâtit de son climat d’insécurité politique et du ralentissement économique mondial. Du coté francophone, il faut noter la performance de la Mauritanie qui, grâce à ses intérêts miniers, a doublé ses entrées d’IDE, à 1,2 milliard de dollars. Bonne nouvelle aussi pour la Côte d’Ivoire, qui est redevenue attractive, en attirant davantage d’IDE(+67%) qu’en 2011, à 478 millions de dollars.

En Afrique centrale enfin, les entrées d’IDE ont atteint le montant record de 10 milliards de dollars. Les ressources naturelles et notamment le développement de la mine de cuivre et de cobalt de Tenke Fungurume en RD du Congo ont mobilisé d’importants investissements. Le pays a attiré 3,3 milliards de dollars d’IDE contre 1,7 en 2011, malgré un climat des affaires jugé déplorable par beaucoup d’observateurs.

La Malaisie devant la Chine 

Pour la Cnuced, c’est la Malaisie qui serait le premier investisseur sur le continent africain parmi les pays en développement.  Présent principalement dans la finance sur l’île Maurice et dans l’agro-industrie à l’Est comme à l’Ouest du continent, le pays détient 19 milliards de dollars de stock d’IDE. Il devance ainsi l’Afrique du Sud et ses 18 milliards, répartis à travers ses entreprises leaders dans les secteurs de la distribution, de la santé et des mines. La Chine n’arrive qu’en troisième position avec 16 milliards, devant l’Inde avec 14 milliards.

L'éco du jour.

Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.

Image

Contenus partenaires