Coup de fouet aux relations économiques franco-mauriciennes
Le 8 mars, la secrétaire d’Etat française au Commerce extérieur a signé à Maurice plusieurs accords qui devraient faire décoller les investissements français. Et favoriser l’intégration économique régionale de la zone occidentale de l’Océan Indien.
C’est une coopération peu connue. La France et l’île Maurice sont pourtant des partenaires privilégiés. Les données chiffrées en témoignent : 50 % des touristes qui fréquentent ce « petit paradis » de l’océan Indien sont français (15 % viennent de La Réunion). Avec 600 millions d’euros, la France est le premier investisseur à Maurice (devant l’Inde et la Chine). Et avec des crédits de l’ordre de 350 millions d’euros accordés ces trois dernières années, Maurice est devenu l’un des pays de l’Afrique sub-saharienne les mieux dotés par l’Agence française de développement (AFD) qui a rouvert ses portes sur l’Île en 2006. Réimplantation particulièrement saluée par les autorités mauriciennes à l’occasion de la visite de la secrétaire d’État française au Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac, lundi 8 mars.
Nouvelle ère
A Port-Louis, celle-ci a signé avec le ministre mauricien des Finances, Rama Sithanen plusieurs accords visant à renforcer les rapports économiques franco-mauriciens. Le premier porte sur la protection des investisseurs français avec la mise en place d’un cadre juridique avancé. Le deuxième ouvre la voie à un prêt de 125 millions d’euros de l’AFD pour le développement des infrastructures. Une troisième inaugure la mise en œuvre d’un programme d’assurance crédit à l’exportation. Enfin, en parallèle, Anne-Marie Idrac a assisté à la signature d’un accord entre l’Union européenne et Maurice pour un don de trois millions d’euros.
Pour Rama Sithanen, qui s’est longuement entretenu avec la secrétaire d’État françaises, ces accords « balisent les contours d’une nouvelle ère » du partenariat entre les deux pays. « A vous de jouer ! » a lancé la secrétaire d’Etat à la trentaine d’entrepreneurs français qui l’accompagnaient – la plupart venaient de l’île voisine de La Réunion -, non sans avoir rappelé les liens économiques, culturels et linguistiques existant entre La Réunion et Maurice.
Mais les patrons réunionnais sont encore réticents à l’idée d’investir à Maurice, petit dragon de l’océan Indien qui pourrait leur faire de l’ombre. « Rien ne sera possible si nous ne nous allions pas », a estimé l’un d’eux.
« Ouvrir les barrières »
Le gouvernement mauricien entend en outre réveiller la Commission de l’Océan indien (COI), coquille vide depuis de nombreuses années. Rama Vithanen a émis l’idée de créer « un espace économique et commercial ouvert » entre les îles de l’océan Indien. Mais pour cela, « il faut une volonté politique » et, surtout, « créer un environnement rassurant pour les investisseurs ». Dernière nécessité : « ouvrir les barrières » douanières et aider les pays réticents à « financer les conséquences sociales » d’une telle décision.
Pour Arvin Boolell, le ministre des Affaires étrangères qui s’est lui aussi entretenu avec Anne-Marie Idrac, ce dernier point constitue une priorité. « Le développement économique régional est l’une des clefs de l’avenir des Etats-membres de la COI », a-t-il déclaré. La Réunion et Maurice doivent ainsi devenir « les moteurs » de l’intégration régionale, ont insisté les ministres.
Plus tôt dans la matinée, Anne-Marie Idrac avait assisté à une présentation de la future aérogare de l’aéroport international. Construite par une entreprise chinoise, elle sera gérée par une société, Atol, détenue en partie par Aéroports de Paris (ADP). Ce projet – « le plus important du pays en terme d’infrastructure », assurent ses promoteurs – coûtera la bagatelle de 300 millions d’euros et devrait permettre de doubler la capacité d’accueil de l’aéroport (1,8 million de visiteurs par an actuellement). Il est présenté comme la vitrine de la coopération franco-mauricienne de «nouvelle génération».
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