La Marocaine Najlae Lhimer peut enfin revenir en France

Expulsée de l’Hexagone après s’être rendue dans une gendarmerie afin de porter plainte contre son frère pour violences, la jeune Marocaine Najlae Lhimer va pouvoir revenir en France. Cette décision de Nicolas Sarkozy intervient fort à propos, alors qu’est célébrée ce 8 mars la journée mondiale des droits des femmes.

Expulsée en février, Najlae Lhimer peut revenir en France © AFP/Abdelhak Senna

Expulsée en février, Najlae Lhimer peut revenir en France © AFP/Abdelhak Senna

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 8 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

Mise à jour mardi 9 mars 2010 à 09h04

C’est officiel : la jeune Marocaine de 19 ans, Najlae Lhimer, va pouvoir revenir en France, selon un communiqué de l’Elysée diffusé lundi soir. Cette lycéenne vivait en France depuis 2005 « pour échapper à un mariage forcé au Maroc », explique le Réseau éducation sans frontières (RESF), un collectif français qui défend les personnes sans papiers mais scolarisées.
Les conditions de son expulsion du territoire français avait provoqué une forte indignation dans l’hexagone. Le 20 février, Najlae s’était rendue à la gendarmerie de Château-Renard (Centre de la France) afin de porter plainte contre son frère pour maltraitance. Faisant l’objet d’une obligation de quitter le territoire français remontant au 24 novembre 2009, elle avait été aussitôt placée en garde à vue et « reconduite » à la frontière.
L’annonce de son retour prochain intervient suite aux fortes pressions médiatiques exercées sur Nicolas Sarkozy. Pour la journée internationale des droits des femmes, célébrée partout dans le monde ou presque ce 8 mars, le président français recevait des représentantes d’associations françaises à l’Elysée. Interrogé sur le cas de Najlae, il s’est alors dit « prêt à l’accueillir en France, si elle le souhaite", selon un communiqué de la présidence diffusé juste après la rencontre.

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Politique du fait du prince
"Je suis très, très heureuse, aux anges. Je perds les mots et j’ai encore du mal à réaliser. Merci…", a déclaré la jeune-fille. "Je ne m’attendais absolument pas à cette bonne nouvelle. Je m’attendais à une réponse du type « oui, on va voir » ", a-t-elle ensuite ajouté.
Autre circonstance motivant la décision présidentielle : le Parlement français lui-même s’apprête à voter une loi durcissant les peines pour les violences faites aux femmes. Et l’une des mesures consiste justement à donner un titre de séjour aux femmes victimes de maltraitances en situation irrégulière. Sihem Habchi, présidente de l’association Ni putes ni soumises, se félicite de la décision présidentielle, "car le retour de Najlae, c’est un message lancé à toutes les femmes qui aujourd’hui peuvent se rendre dans les commissariats, dénoncer les violences qu’elles subissent et porter plainte", dit-elle.
Pour le numéro deux de la direction du Parti socialiste Harlem Désir, en revanche, "s’il s’agit d’une bonne nouvelle pour Najlae, il s’agit d’une politique du fait du prince et non d’une véritable protection des droits des femmes battues".
L’expulsion de jeunes sans papiers scolarisés est monnaie courante en France. Dans une autre affaire, une jeune Marocaine de 18 ans, arrivée à l’âge de 13 ans à Clermont-Ferrand (Centre de la France), a pu rentrer en France dimanche – un mois après avoir été renvoyée vers le Maroc. De même, fin février, un lycéen marocain de Colombes, en région parisienne, âgé de 18 ans, avait lui aussi pu rentrer en France. Il avait été expulsé un mois plus tôt à la suite d’un contrôle de police à Paris, ce qui avait entraîné une forte mobilisation des enseignants et des élèves de son lycée.
Une autre jeune marocaine expulsée de France au mois de février, Salima Boulhazar, a pu rentrer dimanche soir en Auvergne où elle vivait d’après RESF.

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