Les deux camps se proclament vainqueurs de la présidentielle
En fin de journée, ce 5 mars, la tension est montée d’un cran et la confusion règne au Togo, même si aucun incident n’a été signalé. Le candidat de l’UFC Jean-Pierre Fabre s’est déclaré vainqueur de la présidentielle du 4 mars, tandis que le RPT du président sortant Faure Gnassingbé, par la bouche de son secrétaire général Solitoki Esso, a fait savoir qu’il condamnait vivement les propos « inacceptables » de l’opposant. Puis le camp présidentiel a déclaré qu’il revendiquait également la victoire.
Jean-Pierre Fabre (UFC) et Solitoki Esso (RPT), en conférence de presse à Lomé le 5 mars © Jean-Claude Abalo pour J.A.
Publié le 6 mars 2010 Lecture : 2 minutes.
Mise à jour le 6 mars 2010 à 11h05
Lors d’une conférence de presse qu’il a tenue vers 16 h 30 (heure locale) dans le quartier de Bè, à Lomé, au siège de son parti, le candidat de l’Union des forces de changement (UFC), Jean-Pierre Fabre, a annoncé qu’il sortait vainqueur de l’élection présidentielle du 4 mars. "Sur la base des procès verbaux de certaines préfectures [essentiellement du Sud du Togo, NDLR], le candidat de l’UFC soutenu par le Front républicain pour l’alternance et le changement [FRAC, NDLR], a recueilli entre 75 % et 80 % des voix", a-t-il indiqué, lisant un communiqué.
A travers son candidat, le parti de Gilchrist Olympio reconnaît toutefois que le président sortant, Faure Gnassingbé, jouit d’une certaine avance dans le Nord du pays, qui penche historiquement en faveur du Rassemblement du peuple togolais (RPT, parti au pouvoir). Mais c’est pour préciser aussitôt que "dans certains bureaux de vote, dans la préfecture de la Kozah notamment [fief du RPT, NDLR], on a relevé jusqu’à 500 inscrits pour 900 votants", a affirmé Jean-Pierre Fabre, accompagné de Kofi Yamgnane et d’autres membres du FRAC.
"Nous avons constaté par endroits des bourrages d’urnes et certains de nos délégués ont été privés de procès verbaux", a poursuivi Fabre. "Si ces anomalies étaient corrigées, notre avance serait beaucoup plus confortable. Au vu de ce qui précède, nous concluons que nous avons gagné la présidentielle du 4 mars", a-t-il lancé aux journalistes présents.
Réponse du RPT
Quelques minutes plus tard, vers 17 heures, le RPT tenait également une conférence de presse à son QG du quartier de Lomé nommé "Forever". Le secrétaire général du RPT, Solitoki Esso, a clairement répondu à Fabre, sans pour autant nommer ce dernier. "Nous apprenons que certains candidats se permettent de violer les dispositions de la Constitution et du Code électoral qui réglementent les procédures de collecte, de traitement et de proclamation des résultats, par l’annonce de résultats fantaisistes dans la perspective de préparer les esprits à la violence", a-t-il martelé. "Cela est inacceptable et nous demandons à ces candidats de se resaisir afin de préserver le climat de sérénité qui a prévalu lors de la campagne et se poursuit jusqu’à ce jour." Esso a par la suite demandé aux Togolais d’avoir confiance en la Commission électorale nationale indépendante.
Puis, vers 20h30, le camp présidentiel a finalement revendiqué la victoire de Faure Gnassingbé à l’élection présidentielle, selon une déclaration du porte-parole du gouvernement et ministre de l’Administration du territoire, Pascal Bodjona, interrogé par Radio France Internationale (RFI). "Tous les résultats que nous avons nous confirment que le président Faure a largement, je dis bien largement, remporté cette élection", a-t-il affirmé. Avant de commenter l’auto-proclamation de Jean-Pierre Fabre: "je pense que c’est une plaisanterie (…), je pense que l’UFC a connu une déroute totale au regard de tout ce qu’on a comme procès verbaux".
Les résultats des commissions électorales locales indépendantes doivent être compilées dans la journée de samedi. Le président de la Commission électorale nationale intépendante (Céni), Issifou Taffa Tabiatou, a annoncé qu’il souhaitait "proclamer les résultats provisoires" "avant la fin de la journée".
