Yawovi Madji Agboyibo, le « bélier noir » de l’opposition
La candidature de Me Yawovi Madji Agboyibo à la présidentielle togolaise du 4 mars constitue un sérieux frein à la victoire de l’opposition. Portrait.
Connu pour ses talents d’orateur – il est avocat de profession – le président d’honneur du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) a rejeté toute éventualité d’alliance avec le Front républicain pour l’alternance et le changement (FRAC), bâti autour de la candidature de Jean-Pierre Fabre, un cadre de l’Union des forces de changement (UFC). Son argument ? « La politique spectacle ne donne rien et se termine mal », jure-t-il. Et de prôner un « vote efficace » pour sa candidature…
Rusé et fin tacticien, le "bélier noir" – traduction de Agboyibo en mina, langue parlé au Sud du Togo – ne ferme pour autant pas la porte à la négociation avec les autres forces de l’opposition. « Si d’ici le scrutin, nous faisons l’impossible – cela peut toujours arriver – et et que nous nous accordons sur un candidat, nous l’annoncerons à notre peuple », affirme-t-il.
"Retour d’ascenseur"
Pour l’heure, ce catholique croyant de 66 ans, ex-premier président de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), prône un « retour d’ascenseur ». Pour la présidentielle de février 2005, il avait fait bloc avec l’UFC autour de la candidature de Emmanuel-Bob Akitani. Mais il estime désormais « qu’on ne peut pas proposer et re-proposer une solution qui est chaque fois sans résultat. »
Compte tenu de sa position ambigüe, ses détracteurs l’accusent de s’être objectivement allié au pouvoir, et de constituer un ferment de division de l’opposition. Des suspicions que rien, évidemment, ne permet d’accréditer, sinon qu’en 2006 il a été propulsé à la primature par Faure Gnassingbé, mal réélu un an plus tôt. En poste pendant plus d’une année, il parvient à organiser des élections législatives dans un climat apaisé, ce qui permet au Togo de bénéficier à nouveau de la coopération internationale qui avait été suspendue en 1993.
"L’homme du peuple"
Durant les heures chaudes du régime Eyadéma, en 1993 justement, il est l’un des seuls leaders de l’opposition à ne pas fuir la sanglante répression menée par le pouvoir contre l’opposition. « Quand on aime un pays, il faut souffrir avec lui », explique-t-il. Même si son courage peut être nuancé. À l’époque, il était membre du Comité pontifical Justice et Paix au Vatican (1990-1995), et le régime aurait eu du mal à s’attaquer à lui physiquement. Reste que sa détermination – et sa parfaite connaissance du milieu paysan – font de lui « l’homme du peuple ». Une popularité que ce fan de musique classique, notamment du compositeur allemand Beethoven, sait apprécier à sa juste valeur.
Retrouvez l’interview complète de Yawovi Madji Agboyibo ici
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