Immigration : la preuve par l’absence

Le 1er mars 2010, journée historique en France ? A l’appel du collectif « La journée sans immigrés », ces derniers et tous les sympathisants de leur cause qui veulent protester contre la discrimination sont invités à boycotter l’économie.

Capture d’écran du site La Journée Sans Immigrés © D.R

Capture d’écran du site La Journée Sans Immigrés © D.R

Publié le 1 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

« Montrer par leur absence, la nécessité de leur présence » : tel est le pari lancé par un collectif baptisé "Journée sans immigrés, vingt-quatre heures sans nous", qui appelle tous ceux qu’exaspèrent les clichés sur les immigrés et les dérapages récurrents des politiques français à leur propos à cesser, une journée durant, toute participation à la vie économique. Autrement dit, à ne pas travailler et à ne pas consommer ce jour-là. Le collectif a choisi pour cela la date symbolique du 1er mars, qui marque l’entrée en vigueur du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda).

La démarche s’inspire de l’opération "A Day without an Immigrant" lancée, en mai 2006, par les Latinos américains pour protester contre une proposition de loi au Congrès visant à pénaliser l’immigration clandestine. Deux millions de manifestants étant descendus dans les rues de Los Angeles, l’administration Bush avait fait machine arrière.
En France, c’est notamment la journaliste Nadia Lamarkbi qui est à l’initiative du projet, d’abord sur le réseau social Facebook, où il a rapidement réuni un tel nombre de sympathisants que des comités régionaux ont été créés un peu partout (Lyon, Amiens, etc.) et jusqu’en Italie, où un collectif baptisé "Il primo marzo 2010" a vu le jour. À la mi-février, le groupe comptait plus de 62 800 membres. Amadou, un biologiste de 32 ans, est du nombre. « J’ai déjà posé une journée de RTT et n’achèterai rien ce jour là », confirme-t-il.
Tous ne sont pas dans son cas. S’abstenir de consommer ? Pourquoi pas, mais de à sacrifier une journée de travail (et de salaire)… « J’ai rejoint ce groupe parce que je suis la petite-fille d’un immigré roumain déchu de sa nationalité française par les lois de Vichy, explique Catherine. Il la récupéra à la Libération, mais le traumatisme est resté. Le 1er mars, il sera difficile pour moi de ne pas bosser, mais je n’hésiterai pas à faire la grève de la consommation. »

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En théorie, quatorze millions de personnes sont concernées, puisque tel est le nombre estimé d’immigrés ou de descendants d’immigré vivant en France. Mais beaucoup, même s’ils adhèrent aux valeurs du collectif, ne sont pas forcément d’accord ni sur la démarche, ni même sur le nom du collectif qui, à leurs yeux, ne fait que « stigmatiser » davantage les immigrés.
Reste à savoir si les milliers de membres qui ont virtuellement adhéré au collectif sur Facebook passeront à l’acte. Combien s’habilleront de noir et se rassembleront devant les mairies de France, de 12 heures à 14 heures, comme le demande le collectif ? Verdict en fin journée.

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