Quand le Front National singe la Suisse

Le parti français d’extrême-droite de Jean-Marie Le Pen est accusé d’avoir copié le visuel utilisé par un parti politique suisse lors d’une campagne anti-minarets.

L’affiche du Front National mise en cause par les Suisses © capture d’écran du site FNJ en Provence-Alpes Côte d’Azur

L’affiche du Front National mise en cause par les Suisses © capture d’écran du site FNJ en Provence-Alpes Côte d’Azur

Publié le 25 février 2010 Lecture : 2 minutes.

Des minarets fuselés comme des missiles, une femme revêtue d’un voile intégral… Le Front National (FN) dit "Non à l’islamisme". Derrière cette affiche de campagne, en elle-même déjà polémique, se cache un autre scandale, qui vient d’éclabousser le parti de Jean-Marie Le Pen. L’extrême-droite française, en panne d’inspiration, a très largement repris, pour cette affiche de sa section jeunesse (FNJ) de Provence-Alpes-Côte d’Azur, les thèmes d’un tract suisse, celui que l’Union démocratique du Centre (UDC) avait produit lors du référendum sur l’interdiction de nouveaux minarets.
Placardé et distribué à grande échelle en novembre 2009, celui-ci présentait sept minarets (comme sur l’affiche du FNJ) en forme de missiles, plantés sur un drapeau suisse. Une femme en voile intégral complétait le tableau. Seule différence –flagrante : sur l’affiche française, le drapeau est celui de l’Algérie, qui recouvre intégralement l’Hexagone…
Le concepteur de l’affiche suisse, Alexander Segert de l’agence Goal, menace de porter plainte. "Nous avons demandé ce matin à notre avocat de porter plainte en France" pour violation de la propriété intellectuelle, a-t-il déclaré jeudi 25 février, regrettant ce qu’il qualifie de "vol".
"J’ai été profondément choqué", a-t-il repris, expliquant que son avocat devrait agir "rapidement" et demanderait dans sa plainte que le Front national "cesse immédiatement" d’utiliser l’affiche.

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L’affiche originale produite par l’UDC pendant la campagne pour le référendum suisse.

Même combat
Mais ce qui semble davantage gêner Alexander Sergert, c’est la nature-même de son "plagiaire". "Nous ne travaillons pas avec des partis se situant à l’extrême gauche ou à l’extrême droite", a-t-il dit, plaidant pour son agence dont l’UDC est le principal client. Un parti qui avait tout de même proposé un référendum sur l’interdiction de la construction de minarets en Suisse et obtenu 57,5% de votes favorables en novembre 2009.
Le vice-président de l’UDC, Yvan Perrin, va jusqu’à affirmer que son parti se "passerait aisément de cette promiscuité avec le FN". Le conseiller politique de l’UDC précise, dans une interview au quotidien suisse La Liberté, ne pas partager les valeurs de Jean-Marie Le Pen, "notamment par rapport à l’antisémitisme". Et d’ajouter : "L’UDC est avant tout un parti patriotique qui a un programme politique cohérent, alors que le FN fait avec l’immigration dans le monothématique." (sic !)
En revanche, pour l’élu UDC du Parlement suisse Ulrich Schlüer, le FN et l’UDC partagent un même combat : "Je sais que les problèmes d’islamisation et avec la charia ne sont pas l’apanage de la Suisse, mais le fait que des problèmes similaires ou même plus graves existent ailleurs n’autorise pas des partis à reprendre des affiches sans même demander", a-t-il estimé.

Liberté d’expression

De son côté, le FN se défend en invoquant la liberté d’expression. Aucun parti politique, et encore moins des agences de communication, ne sont propriétaires des thèmes abordés par les différents mouvements politiques", a estimé le parti dans un communiqué. Le FNJ affirme avoir fait appel à un graphiste professionnel pour élaborer son affiche.
Quoiqu’il en soit, Le FN continue d’agiter un thème de campagne qui, lorsqu’il avait remué la Suisse en novembre dernier, s’était déjà exporté au cœur du débat français. Avec un certain succès.

 

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