Qatar : après le Liban, le Darfour

Ancien ministre des Affaires étrangères de Mauritanie, ancien ambassadeur en France

Cheikh Hamad Ben Khalifa al-Thani félicite les signataires de l’accord-cadre, le 23 février © Reuters

Cheikh Hamad Ben Khalifa al-Thani félicite les signataires de l’accord-cadre, le 23 février © Reuters

Publié le 24 février 2010 Lecture : 2 minutes.

L’accord cadre du 23 février signé entre le gouvernement du Soudan et l’un des principaux mouvement de rébellion du Darfour, le Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE), ouvre la voie à une véritable réconciliation nationale. C’est le résultat d’un travail diplomatique opiniâtre de l’État du Qatar. L’émir Cheikh Hamad Ben Khalifa al-Thani, son premier ministre et ministre des Affaires Etrangères Cheikh Hamad ben Jassim Bin Jabr al-Thani et son ministre délégué Ahmad al-Mahmoud se sont patiemment attaqués aux soubassements complexes de la crise du Darfour, et cela sans compter ni leur temps ni leur énergie.
Le travail n’était pas de tout repos puisqu’il fallait impliquer tous les protagonistes régionaux, les réconcilier au besoin, ne heurter les susceptibilités d’aucun pays, d’aucune institution régionale ou internationale, travailler à instaurer la confiance entre différents intervenants et contourner intelligemment les embûches des jalousies diplomatiques. Tache ardue si l’on sait que le conflit du Darfour s’est éminemment internationalisé, que les médiateurs sont légion, que beaucoup de médiations ont été tentées et ont toutes échouées. Et au fur et à mesure que la liste des « spécialistes du dossier » s’allongeait, le conflit se durcissait et enregistrait de nouveaux éléments de complication.

C’est dire donc que tout le monde observait avec une certaine appréhension l’implication diplomatique du Qatar dans le règlement de ce dossier. Tous se demandaient ce que l’expertise diplomatique qatarie pourrait apporter de plus que celle des pays régionaux, des organisations régionales et internationales et des grandes puissances. Eh bien, force est de constater que cette expertise diplomatique qui avait fait merveille pour régler la crise du Liban s’est révélée efficace pour traiter le conflit du Darfour.
Le 23 février ce sont en effet les présidents Béchir, Deby, Afeworki qui ont assisté avec l’émir du Qatar à la signature de l’accord cadre entre Khartoum et le MJE. Toutes les autres parties concernées par le suivi du dossier étaient présentes. En somme un accord qui ne s’est fait contre la volonté de personne. Et pour bien montrer sa détermination à accompagner cette réconciliation et assurer le suivi, l’émir Cheikh Hamad Bin Khalifa al-Thani a annoncé avec panache la création d’une banque de développement du Darfour dotée d’un milliard de dollars. Qui peut dire mieux !

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Du coté de l’Afrique subsaharienne, on observe positivement l’intérêt que manifeste la diplomatie du Qatar pour le continent. Plusieurs chefs d’Etat font désormais régulièrement le déplacement de Doha en visite officielle, ou dans le cadre des conférence thématiques fréquentes dans la capitale qatarie.
Le premier ministre Cheikh Hamad Bin Jassim a même fait récemment une visite remarquée au Congo Brazzaville où il a eu des entretiens avec le président Denis Sassou Nguesso. Pour sa part le président du Burkina Faso Blaise Compaoré, lui aussi médiateur hors pair et dont le compatriote Djibril Bassolé suivait pour l’ONU le dossier du Darfour, arrive en visite officielle au Qatar dans les tous prochains jours.
Le Qatar pourrait donc valablement postuler au poste de médiateur international, si l’ONU le créait afin d’aider les cinq membres permanents du Conseil de sécurité. Doha a incontestablement des atouts pour cela : sa position géographique centrale, l’absence de toute velléité hégémonique et les moyens dont dispose sa diplomatie équilibrée, qui allie ouverture et efficacité.

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