Libération des quatre islamistes : l’Algérie rappelle son ambassadeur
Comme la Mauritanie, l’Algérie a réagi vigoureusement à l’égard du Mali après la libération de quatre islamistes, réclamée par AQMI en échange de l’otage français Pierre Camatte. Visiblement obtenue sous la pression de Paris, la décision de Bamako risque de compliquer encore la coordination des pays de la région contre la nébuleuse terroriste.
La libération de quatre islamistes par le Mali n’en fini pas de faire des remous. Après la Mauritanie ce mardi matin, c’est l’Algérie qui a annoncé le rappel de son ambassadeur à Bamako pour "consultations". Il s’agit de protester contre la libération par le Mali de quatre islamistes réclamée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
"Prétexte fallacieux"
Alger a agi "suite à la décision du gouvernement malien de procéder à la libération de quatre terroristes qu’il détenait", a déclaré le porte-parole du ministère algérien des affaires étrangères. Qui n’a pas hésité à qualifier de "prétexte fallacieux" la raison avancée par Bamako pour justifier la libération des quatres hommes. Arrêtés en avril 2009 à Kidal dans le nord du pays pour détention d’arme de guerre, les terroristes – deux Algériens (Mohamed Ben Ali et Tayed Nail), un Burkinabé (Houti Karito) et un Mauritanien (Beib Ould Nafa) – ont été jugés jeudi 18 février et libérés dans la nuit du dimanche 21 au lundi 22 février, car ils avaient déjà "purgé leur peine de neuf mois" de prison pendant leur détention provisoire.
L’algérien Abou Zeid, émir d’AQMI, menaçait d’exécuter le français Pierre Camatte, qui avait été capturé en novembre 2009 dans le nord du Mali. Un ultimatum avait été fixé au samedi 20 février.
La menace avait provoqué l’intervention des autorités françaises dans cette affaire : le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, s’était rendu deux fois à Bamako, les 1er et 13 février. Selon certaines sources maliennes, la France réclamait la libération de Pierre Camatte "par tous les moyens".
Colère d’Alger
La virulence de la réaction d’Alger est également liée au regain de tension entre la France et l’Algérie ces dernières années. Les relations diplomatiques entre ces deux pays, déjà minées par plusieurs affaires comme celles des moines de Tibéhirine ou de l’incarcération du diplomate algérien Mohamed Ziane Hassen, se sont une nouvelle fois crispées après la publication d’une interview de Bernard Kouchner dans le Journal du Dimanche (France), le 21 février.
Le chef de la diplomatie française y déclare notamment que les relations entre les deux pays seront "peut-être plus simple" après le départ de "la génération de l’indépendance algérienne", actuellement au pouvoir. Le ministre, ainsi que le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, se sont d’ailleurs rendus à Alger le 21 février pour tenter d’aplanir les différends franco-algériens. Apparemment sans grand résultat.
Mais surtout, la mésentente entre Alger et Nouakchott, d’une part, et Bamako de l’autre, risque de rendre difficile la coordination régionale de la lutte contre AQMI, alors que l’organisation semble reprendre des forces et multiplie les coups d’éclat depuis début 2009.
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