Les morts de Gagnoa font monter la tension, de nouveaux incidents samedi
Les victimes d’échauffourées dans la ville natale de Laurent Gbago inquiètent tout le pays. Le représentant spécial des Nations unies s’est rendu sur place samedi matin, alors que de nouvelles manifestations ont dérapé dans la journée, à Bouaké et Korhogo notamment.
Mise à jour le samedi 20 février à 18h05
C’est vers 20 heures hier, 19 février, que se sont réunis les principaux leaders de l’opposition civile ivoirienne, au siège du PDCI-RDA, à Abidjan.
Qualifiant le régime de Laurent Gbagbo de « dictature », Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara, Albert Toikeusse et Innocent Anaki Kobena ont rappelé leur attachement à l’Accord politique de Ouagadadougou et à la Commission électorale indépendante dissoute une semaine auparavant par le chef de l’Etat, le 12 février.
Trois à cinq morts par balles
Alors que le Premier ministre Guillaume Soro, maintenu dans ses fonctions après la dissolution du gouvernement le même jour, tente de former une nouvelle équipe, les heurts entre partisans du camp présidentiel et ceux de l’opposition se multiplient à travers le pays.
La manifestation de protestation des jeunes militants de l’opposition contre la double dissolution a tourné au cauchemar ce vendredi à Gagnoa, la ville natale du Chef de l’Etat située au centre ouest du pays. Ce, malgré les appels au calme du Premier ministre Guillaume Soro et du Président Laurent Gbagbo.
Au moins 3 à 5 morts par balles et une dizaine de blessés ont été signalés lors des échauffourées qui ont opposé les militants de l’opposition aux forces de défense et de sécurité qui ont fait usage de leurs armes à feu pour la première fois depuis le 13 février, date du début de l’appel à la désobéissance civile décrétée par les leaders de l’opposition ivoirienne.
« La police et la gendarmerie nous a tiré dessus à balles réelles alors que nous voudrions manifester pacifiquement, certains de nos amis ont succombé après leur évacuation au Centre hospitalier régional (CHR) », confie Benjamin Kouadio, un jeune militant du parti démocratique de Côte d’ivoire (PDCI).
D’après nos informations, le représentant spécial des Nations unies en Côte d’Ivoire, Choi Young Jin, se trouvait à Gagnoa ce matin, samedi 20 février.
La présidence ivoirienne confirme le nombre de victimes, mais, Gervais Coulibaly, le porte-parole du président Laurent Gbagbo, condamne les manifestations qu’il qualifie « d’actes de vandalisme et de violence inutile ».
Incendie du siège du parti présidentiel à Korhogo
Ces déclarations n’ont pas empêché la reprise des manifestations dans plusieurs villes ivoirienne, Gagnoa y compris, samedi matin.
Dans la journée, les manifestations organisées contre le président Gbagbo ont été marquées par de nouveaux incidents, avec notamment l’incendie du siège du parti présidentiel à Korhogo (nord).
Le bâtiment est "parti en fumée", a rapporté un journaliste local à l’AFP, précisant que l’attaque avait eu lieu après la dispersion de la marche.
A Bouaké (centre), fief de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), environ un millier de manifestants, certains munis de gourdins et de cailloux, avaient entamé dans la matinée une marche aux cris d’"on veut pas Gbagbo". Des barricades avaient été installées aux environs du siège de l’ex-rébellion, et une voiture garée devant l’entrée incendiée, a-t-on constaté. La préfecture et la mairie ont été saccagées.
"L’armée défendra l’intégrité de l’État"
Débuté timidement le 13 février, les manifestations se sont musclées à travers tout le pays où l’on a assisté à des destructions de symboles de l’Etat et des biens privés.
Abidjan, la capitale économique à connu ses moments de frayeurs mercredi et jeudi lorsque les artères principales de la ville ont été prises d’assaut par de jeunes de l’opposition qui y ont posé des barricades. Dans les localités de l’intérieur du pays, Bingerville, Tiébissou, Bondoukou, Sakassou, Yamoussoukro, Niakara, Abengourou et Agnibélékro, le mouvement s’est poursuivi et s’est durci.
Les forces de défenses et de sécurité ont renforcé leur dispositif. Le Général de division Philippe Mangou a adressé une mise en garde sévère aux émeutiers. « L’armée défendra l’intégrité de l’Etat et des institutions en tout temps, en tout lieu et en toute circonstance, le cas du Niger ne peut pas s’appliquer à la Côte d’ivoire », a averti le patron des armées ivoiriennes.
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