Kossi Efoui à l’université
L’écrivain togolais Kossi Efoui retourne sur les bancs de l’université. Pas comme étudiant mais comme participant à une conférence de deux jours portant sur son oeuvre dramaturgique, qui s’est déroulée à Paris du 12 au 13 février.
On connaît bien le romancier et nouvelliste Kossi Efoui, celui qui a remporté l’année dernière le prix des Cinq-Continents pour son troisième roman Solo d’un revenant (Ed. du Seuil, 2008). Mais nous connaissons moins bien son théâtre qui a fait connaître cet auteur d’exception il y a vingt ans, lorsqu’il a remporté le prix interafricain de Radio France Internationale pour sa pièce Le Carrefour (1989).
Auteur d’une quinzaine de pièces aux titres souvent ironiques (Happy end, La ballade des voisins anonymes, Le corps liquide) et aux thématiques très contemporaines: mondialisation, exils, quête de nouvelles utopies. Tout comme ses romans, les pièces de Kossi Efoui ne sont pas faciles d’accès. Elles refusent l’africanité de pacotille, et se situent résolument loin de toute dramaturgie exotique et musicale.
"Pensée des blues"
« Véritable OVNI, le théâtre d’Efoui donne sans cesse rendez-vous ailleurs pour mieux mettre en crise le spectateur. Ses personanges ne sont pas identifiables, ils muent, changent de peaux, perdent une à une leurs pelures comme les oignons, et laissent finalement au lecteur une coque vide », explique Sylvie Chalaye, spécialiste du théâtre francophone à l’université Paris III (Sorbonne nouvelle) et organisatrice dun colloque international sur l’écrivain togolais qui s’est tenu ce week-end (12-13 février), au musée Dapper à Paris. Dans l’amphithéâtre du musée, une vingtaine d’intervenants venus du monde entier (France, Côte d’Ivoire, Etats-Unis) ont planché sur la poétique de marronnage dans l’oeuvre théâtrale de Kossi Efoui.
Marronnage? Pour Chalaye, cette expression recouvre « la pensée des blues qui aménage à l’intérieur d’un présent qu’il faut fuir les champs possibles d’un projet de réenchantement du monde ». Mais pour Judith Miller, professeur à New York University, il s’agit plutôt de la confirmation que « la vraie vie n’existe pas ailleurs ». Il faut récupérer, recycler l’ici et le maintenant, déclare Miller, en référence au titre d’une des plus importantes pièce du Togolais: « Récupérations ».
Présent dans la salle, intervenant parfois et rigolant sur les obvies et les obtus de son imagination dramaturgique que les nombreuses communications de spécialistes faisaient resortir, l’auteur Kossi Efoui a pleinement participé à ces deux jours de réflexion sur son oeuvre. Le colloque, organisé par le laboratoire « Scènes francophones et écritures de l’altérité » (SeFeA) de l’université Paris III, ne restera pas orphelin. Il sera suivi d’autres rencontres consacrées aux grandes figures émergeantes de la scène francophone, notamment Caya Makhélé, Gerty Dambury et José Pliya.
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