Continents Noirs, dix ans d’aventures
La maison d’édition française Gallimard vient de fêter les dix ans de sa collection « Continents Noirs ». Sa spécialité: la littérature africaine, diasporique et créole.
Mongo Beti, Henri Lopes, Ananda Devi, Nathacha Appanah, Bessora, Koffi Kwahulé, Abdourahman Waberi… Avec en tout, trente-cinq écrivains d’Afrique, des Caraïbes et de l’Océan indien, et bientôt soixante-dix titres à son actif, la collection Continents Noirs des éditions Gallimard a fêté ses dix ans le 10 février.
Son domaine d’élection : « la littérature africaine, afro-européenne, diasporique », pour reprendre l’expression de l’éditeur. Jean-Noël Schifano, le directeur de la collection, se souvient des circonstances de sa naissance, à la fin 1999, dans un avion entre Paris et Libreville, lors d’un voyage avec Antoine Gallimard, président-directeur général de la maison d’édition éponyme.
« Nous voulions soutenir un mouvement littéraire, une dynamique en pointe dans cette création autour de la damnation identitaire. Montrer ce nouvel humanisme venant d’Afrique, ce réalisme baroque, cette écriture qui intègre le monde car uniformiser est nocif pour les êtres et la création : chacun est unique », explique Schifano.
"Le plus intéressant, c’est la diversité"
Fallait-il pour autant créer une collection spécifique, au risque qu’elle soit considérée comme un ghetto pour écrivains noirs ? Schifano s’en défend. Pour lui, ces romanciers sont « une pointe de diamant dans la sensibilité mondiale ». Leur style propre et la qualité de leurs textes n’ont rien à envier aux autres.
Fabienne Kanor, née de parents martiniquais, est, avec quatre romans publiés, l’un des auteurs phares de la collection. « Je suis une auteure Gallimard avant tout », dit-elle. « Dans Continents Noirs, je me sens moi-même. Je ne suis pas proche des autres à cause de la couleur de la peau. Ce n’est pas métaphysique. Nous sommes des sommes de cultures. Le plus intéressant, c’est la diversité : nous avons tous une histoire particulière. »
À ses yeux, l’essentiel reste la langue. Aussi s’étonne-t-elle que l’on s’intéresse davantage à ses origines qu’à ses qualités littéraires. « On veut que je sois historienne, militante, on me demande ce que je pense de la situation dans tel ou tel pays africain. Cela me dérange. Certains voient la collection comme un convoi de Noirs. »
Chaque oeuvre fait l’objet d’un premier tirage de 3 500 exemplaires. Quatre titres ont été réédités, dont certains ont atteint les 10 000 exemplaires. Les livres de la collection sont vendus 9,50 euros dans toute l’Afrique.
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