Nelson Mandela, le chemin de la liberté

Il y a tout juste vingt ans, Madiba était libéré après avoir passé plus de vingt-sept années au bagne de Robben Island et à la prison de Paarl. Il devenait alors le symbole d’une nation à la recherche « d’une société libre et démocratique ».

Nelson Mandela, en juin 2008 © AFP

Nelson Mandela, en juin 2008 © AFP

Publié le 11 février 2010 Lecture : 3 minutes.

11 février 1990, 16h15 heure locale. La démarche est hésitante mais le poing est tendu en signe de victoire. L’autre main, la gauche, se tient serrée dans celle de Winnie. Pendant de longues années, Madiba a été isolé sur l’aride bagne de Robben Island, îlot battu par les vents au large du Cap. Mais aujourd’hui, à 71 ans, il trouve enfin le repos et un peu de chaleur humaine.

Les premiers pas de Nelson Mandela hors de la prison de Paarl – son dernier lieu de détention – tiennent de l’apparition royale. Pour l’occasion, le plus célèbre prisonnier politique du monde a revêtu un élégant costume gris et laissé de côté l’habit traditionnel qu’il arborait lors du procès de Rivonia, en 1964, pour symboliser l’Afrique victime de l’injustice des Blancs.

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A cette époque, il avait assuré lui-même sa défense et déployé tous ses talents d’orateur dans une plaidoirie contre l’apartheid et en faveur d’une nation multiraciale et réconciliée. Sa condamnation à vie pour « sabotage » et « complot révolutionnaire » fut sans appel. Puis, le pouvoir blanc a tenté de l’effacer des mémoires. Dans le système carcéral, Nelson Mandela n’était plus un homme, tout juste un matricule anonyme – le fameux 466/64.

Résistant même dans son isolement, il refusa la libération conditionnelle offerte par Pretoria en échange d’un renoncement solennel à la violence. Il avait radicalisé son combat en 1961 lorsqu’il avait fondé le MK (« Umkhonto we Sizwe », la lance de la nation), la branche armée de l’ANC (Congrès National Africain) dans un but « purement défensif contre la violence de l’apartheid ».

« Ouvrez les prisons de l’apartheid ! »

Vingt-sept ans plus tard, le jour de sa sortie, il ne renie pas ce choix. Le leader de l’ANC le dira depuis le balcon de l’hôtel de ville du Cap, qu’il rejoint après avoir emprunté l’autoroute entre Paarl et la capitale législative sud-africaine à bord d’un véhicule gris. Face à lui, sous une chaleur torride, des milliers de compatriotes retiennent fébrilement leur souffle et leurs larmes. « Ouvrez les prisons de l’apartheid !» lit-on sur les pancartes de ses partisans en liesse. Les cris « Liberté, liberté ! » et « Vive le président ! » résonnent dans une ambiance électrisée par le charisme du vieil homme. Sous les acclamations, « Madiba », comme on le surnomme, prend la parole et, d’une voix éraillée, se dit prêt à apporter une « contribution pacifique » aux problèmes du pays, pour peu que le pouvoir blanc « normalise la situation ».

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Derrière son poste de télévision, le président Frederik De Klerk écoute les remerciements de Nelson Mandela. La veille, il a crée la surprise générale en annonçant sa libération, ainsi que la légalisation du principal parti d’opposition des Noirs, l’ANC. En succédant au président Botha en 1989, le chef de l’Etat avait hérité d’un pays sous le coup de sanctions internationales et entamé le démantèlement d’un système devenu de plus en plus répressif.

Etat d’urgence

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Pour se protéger, le régime d’apartheid a interdit  l’ANC et le Parti communiste. La voie politique étant sans issue, l’ANC a eu recours à la lutte armée, cherchant à déstabiliser le régime. Dans les townships, la colère grondait. Ces tensions avaient abouti en 1986 à la mise en place de l’état d’urgence pour réprimer la révolte des Noirs. Le jour de sa libération, Nelson Mandela réitère son exigence de la levée immédiate de cet état d’urgence et de la libération de tous les prisonniers politiques.

Avec émotion, il fait part de son rêve de toujours, celui « d’une société libre et démocratique dans laquelle tous les êtres vivent ensemble en bonne entente et avec des chances égales ». Il espère « vivre assez longtemps pour voir cet idéal devenir réalité ». Quatre années plus tard, son souhait le plus cher se réalise : les premières élections libres se tiennent dans le pays. Il sera triomphalement élu président de la République et deviendra, plus que jamais, le symbole vivant de la lutte contre l’apartheid. Et de la libération des Noirs face aux oppresseurs blancs.
 

 

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