Joseph-Antoine Bell : « Une forme de fatalisme »

Joseph-Antoine Bell, l’ancien gardien de but du Cameroun dresse un bilan sans concession de la CAN 2010. Inquiet pour l’image de l’Afrique, il n’oublie pas de fustiger l’attitude de la CAF et d’Issa Hayatou, son président.

Joseph-Antoine Bell estime estime que le continent est « gagné par une forme de fatalisme » © AFP

Joseph-Antoine Bell estime estime que le continent est « gagné par une forme de fatalisme » © AFP

Alexis Billebault

Publié le 5 février 2010 Lecture : 3 minutes.

Joseph-Antoine Bell, la CAN angolaise laisse un goût amer. Et on pense surtout au  drame vécu par le Togo à Cabinda le 8 janvier dernier…
Ce jour-là, les Togolais ont été victimes d’un véritable acte de guerre. Je me souviens de la première réaction de la Confédération Africaine de Football (CAF), qui avait reproché aux togolais d’être venus en bus, alors qu’elle aurait du exprimer son émotion, sa compassion… C’était incroyable… Ce n’est que le lendemain de l’attaque que la CAF a enfin décidé d’apporter son soutien à la délégation togolaise. Par contre, des officiels de la CAF passaient le soir du drame des coups de fil à leurs enfants aux Etats-Unis ou en France pour savoir si tout allait bien parce que dans ces pays, à l’époque, il neigeait beaucoup…  

Et trois semaines plus tard, les Togolais, finalement forfait sur ordre de Lomé apprenaient qu’ils étaient exclus des deux prochaines CAN. Finalement, avez-vous été surpris ?
Cette suspension est proprement scandaleuse ! En prenant cette décision, la CAF a agit comme s’il ne s’était rien passé. Deux membres de la délégation togolaise sont morts, d’autres ont été blessés, le traumatisme est énorme et pourtant, la CAF se réfugie derrière son règlement pour sanctionner le Togo. La gestion de cette affaire est scandaleuse de bout en bout. La minute de silence le jour du match d’ouverture Angola-Mali (4-4) a duré à peine vingt secondes.  Déjà, en prévoyant des matches dans une région réputée dangereuse, le comité d’organisation angolais savait qu’il prenait un risque.

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Il se raconte que le président de la CAF ne souhaitait pas exclure le Togo pour les deux prochaines éditions, mais qu’il se serait plié à la volonté de ses troupes…
Hayatou a pris cette décision seul !

La CAF s’appuie sur cet article 78 qui condamne l’injonction du politique dans le sportif. Or, c’est le gouvernement togolais qui a exigé le forfait des Eperviers…
Oui, mais il était normal que le gouvernement de ce pays intervienne.  On parle beaucoup d’ingérence du pouvoir politique dans les affaires du football africain, mais avez-vous entendu beaucoup de protestations de gouvernements, de fédérations et même de grands joueurs africains pour condamner cette suspension ? L’image de l’Afrique n’est pas bonne.

D’accord, mais la CAF n’est pas responsable de tout…
Elle n’est en effet pas responsable de tout, et il faut élargir les responsabilités. Mais l’image de l’Afrique est mauvaise et la CAF n’y est pas étrangère avec ce qui s’est passé en Angola. Il y a eu le drame togolais, mais également tous les ratés de l’organisation sur l’état des pelouses, les transports, les télécommunications, etc… Et pourtant,  entendez-vous des réactions pour s’inquiéter de l’image renvoyée par l’Afrique ? Non, car le continent est gagné par une forme de fatalisme. Ce qui est arrivé aux togolais, beaucoup considèrent que ce n’est pas si grave…


La démission d’Issa Hayatou est souhaitée par de nombreux observateurs. Imaginez-vous qu’une telle issue soit envisageable ?

Dans un tel cas de figure, il y a deux possibilités : soit le président démissionne, soit il est démissionné.  Je ne crois pas à la première hypothèse. Hayatou ne va pas reconnaître ses erreurs ni se remettre en cause, il va voir des ennemis partout, et ses proches vont le soutenir. Et pour être franc, je doute qu’il soit démissionné… Hayatou décide de tout, et il vient ensuite critiquer les fédérations, qui sont souvent dirigées par des gens qui ne comprennent rien à rien, de ne pas avoir d’idées. La CAF appartient aux fédérations, mais celles-ci ont laissé le pouvoir à Hayatou. Il est responsable de beaucoup de choses, mais les fédérations le sont aussi…

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