28 septembre : Dadis « responsable de rien » selon la commission d’enquête nationale
La commission d’enquête guinéenne sur le massacre du 28 septembre a rendu des conclusions opposées à celles de la commission d’enquête de l’ONU. Le commandant Moussa Tiégboro Camara, président de la commission (et lui même responsable de la tuerie selon le rapport de l’ONU) affirme que le chef de la junte, Moussa Dadis Camara, n’est pas responsable de la tuerie, qualifiée de simple « infraction de droit commun ».
Le président de la commission d’enquête mise en place par la junte guinéenne sur le massacre du 28 septembre à Conakry a affirmé mardi que le chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, n’avait aucune responsabilité dans la tuerie.
"Ils ne sont responsables de rien"
Interrogé sur la responsabilité du chef de la junte et du ministre chargé des services spéciaux, le commandant Moussa Tiégboro Camara, le président de la commission, le procureur Siriman Kouyaté, a affirmé devant la presse: "Ils ne sont responsables de rien. Il est établi que le président (Camara) n’est jamais venu au stade" où avait eu lieu la tuerie d’opposants.
Cette commission nationale contredit ainsi la commission d’enquête de l’ONU qui avait pointé "une responsabilité pénale individuelle" du chef de la junte, de son ex-aide de camp, le lieutenant Aboubacar Chérif Diakité dit Toumba, et du commandant Tiegboro Camara.
La commission nationale a, en revanche, recommandé des poursuites judiciaires contre Toumba, en fuite depuis qu’il a tiré, le 3 décembre, sur le chef de la junte, actuellement en convalescence au Burkina Faso.
A la question "Toumba a-t-il obéi à des ordres?", le procureur a répondu: "Je ne crois pas, pas que je sache. Peut-être a-t-il désobéi aux ordres donnés par le chef d’état-major des armées (stipulant que) tous les militaires devaient rester dans les casernes. Certainement, il a désobéi".
"Il y a Toumba Diakité, une équipe de bérets rouges (garde présidentielle) et d’autres personnes non encore identifiées (qui doivent être poursuivies, ndlr). Il y a plein de personnes, il n’y a pas que lui", a-t-il cependant ajouté, sans citer d’autres noms.
"Infractions de droit commun"
"Des gens doivent être poursuivis devant les juridictions guinéennes car ce sont des infractions de droit commun", a soutenu le procureur, contredisant ainsi l’ONU qui accuse les hautes autorités guinéennes de crimes contre l’humanité justifiant la saisine de la Cour pénale internationale.
Le magistrat s’exprimait, au Palais du peuple, devant quelques dizaines de personnes, après avoir présenté un résumé du rapport de la commission nationale d’enquête mise en place par la junte et boycottée par l’opposition.
Les journalistes n’ont pas eu accès directement au document.
Le 28 septembre, les forces de défense et de sécurité avaient battu, poignardé, tué par balles des opposants au régime militaire rassemblés dans le plus grand stade de Conakry, et de nombreuses femmes avaient été violées en public par des soldats.
La Commission d’enquête de l’ONU a fait état d’au moins "156 personnes tuées ou disparues".
La commission nationale a conclu que seules 58 personnes étaient mortes le 28 et cinq autres "les jours suivants dans les hôpitaux", soit un total de 63.
Elle a par ailleurs recommandé une "amnistie générale" pour les leaders de l’opposition qui avaient appelé à la manifestation du 28 septembre.
"Ceux qui bénéficient de l’amnistie, ce sont les politiciens qui, avant le 28 septembre, avaient bravé d’une certaine façon le pouvoir", a précisé M. Kouyaté. "Le Premier ministre (de transition, Jean-Marie Doré) est de leur rang aujourd’hui. Donc remuer le fer dans la plaie aurait compliqué la situation", a-t-il dit.
Le chef de la junte avait maintes fois affirmé que la faute du "carnage" incombait à ces "leaders" qui avaient maintenu un rassemblement interdit.
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