CAN-2010 : « La CAF savait que le Flec préparait une attaque »
L’exclusion du Togo des deux prochaines CAN a été prononcée par la Confédération africaine de football, le 30 janvier. Interview du ministre togolais des Sports, lequel fait part de son « indignation totale » envers cette décision très décriée.
Les Éperviers paient cher leur forfait à la Coupe d’Afrique des nations (CAN) qui vient de se terminer en Angola. La Confédération africaine de football (CAF) a décidé le samedi 30 janvier de suspendre le Togo pour les deux prochaines CAN. En cause : la pression du gouvernement togolais pour que le Onze national rentre au pays après la fusillade de sa délégation par le Front de Libération de l’Etat du Cabinda (Flec), qui a fait deux morts le 8 janvier. Le ministre togolais des Sports, Christophe Tchao, ne décolère pas.
Jeuneafrique.com : La CAF a exclu le Togo pour les deux prochaines CAN. Quelle est votre réaction ?
Christophe Tchao : On est surpris. Nous ressentons une indignation totale et une incompréhension par rapport à cette décision. On espérait plutôt un soutien moral suite au drame qui nous a frappé mais c’est le contraire qui s’est produit avec la suspension du Togo pendant deux CAN consécutives. Je pense que c’est vraiment injuste par rapport à ce que nous avons vécu.
Le Togo prévoit-il un recours contre la décision de la CAF ?
Nous attendons que la notification de la CAF arrive au siège de la Fédération à Lomé. Quand nous aurons le texte sous les yeux, nous verrons exactement quelles sont les sanctions avant de vérifier les voies de recours, pour que justice soit faite.
Le président de la CAF, Issa Hayatou, a déclaré à l’AFP que la CAN s’était déroulée « dans de très bonnes conditions malgré des petits incidents qui arrivent partout »…
Je ne pense pas que ce soit un petit incident, c’est un fait de guerre ! Les armes qui ont servi à attaquer les bus togolais étaient des armes de guerre ! Je crois que dans tous les pays civilisés du monde, lorsqu’il y a des citoyens qui sont victimes dans un pays d’une attaque terroriste ou d’un fait de guerre, on se mobilise pour rapatrier ses ressortissants. C’est la première des choses !
Issa Hayatou estime que la CAF n’a aucune responsabilité dans ce qui s’est passé…
La Fifa (Fédération internationale de football, NDLR) a été claire. Elle a été contactée par le Flec, et a informé la CAF des menaces pesant sur l’organisation. Mais celle-ci a tenu au secret l’information. Et on ne sait pas exactement pourquoi ! Il fallait que la CAF dise clairement qu’il y avait un danger, surtout au niveau de la région de Cabinda.
La CAF est-elle coupable de mensonge par omission ?
Ce que je dis, c’est que la Fifa a été saisie officiellement par les rebelles et la Fifa a notifié cela à la CAF (…) pour que des dispositions sécuritaires soient prises.
Le cas du Togo n’est-il pas particulier, puisque son équipe est arrivée en bus depuis le Congo-Brazzaville?
Il y a eu des missions exploratoires au niveau de Cabinda. Et puis, à la frontière [avec le Congo-Brazzaville, NDLR], nos joueurs sont montés dans un convoi officiel aux couleurs de la CAF. Ils ont été accueillis officiellement par un comité local de la CAN et par le vice-gouverneur de Cabinda. Les organisateurs étaient bel et bien au courant du trajet qu’allait emprunter la délégation togolaise.
L’Angola a également parlé de « petits incidents ». C’est un peu le même discours que la CAF…
Non. Nous remercions le gouvernement angolais. Il a envoyé une représentation à Lomé pour nous apporter leur soutien et le président angolais a adressé un message de condoléances au président de la République Faure Gnassingbé. Les Angolais ont pris part aux obsèques nationales. C’est un soutien qui nous va droit au cœur. On sait que des incidents peuvent arriver mais disons que c’est quelque chose qu’on aurait pu éviter si des dispositions particulières avaient été prises.
Lomé entend-il porter plainte contre la CAF ou les autorités angolaises concernant la fusillade ?
Pour le moment, ce sont les familles des victimes qui font valoir leur droit devant le tribunal de grande instance de Paris. Pour le reste, nous voulons d’abord examiner tous les faits dans ce dossier et, ensuite, nous verrons ce qu’il y a lieu de faire.
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