Corruption : les députés valident la mise en accusation de trois ministres
Les ministres tchadiens Abderamane Koko, Limane Mahamat et Oumar Boukar Gana seront bientôt renvoyés devant la justice, mis en accusation pour corruption. Ils sont par ailleurs relevés de leurs fonctions.
L’Assemblée Nationale tchadienne a examiné jeudi 28 janvier à N’Djamena une demande de la Cour suprême concernant la mise en accusation de plusieurs membres du gouvernement dans une affaire de corruption révélée en octobre. Elle a validé leur renvoi devant la justice et les a relevé de leurs fonctions. Il s’agit du ministre de l’Education nationale Abderamane Koko, du secrétaire général du gouvernement Limane Mahamat et du secrétaire d’Etat aux Finances chargé du Budget, Oumar Boukar Gana.
Le renvoi devant la Justice a été entériné à 92 voix sur 116 votants pour le premier. Il a été accepté par 101 des 115 votants pour le second et par 99 des 114 votants pour le dernier. L’Assemblée tchadienne compte au total 155 députés.
"Les ministres mis en accusation sont suspendus de leur fonction dès cet instant", a déclaré le président de l’Assemblée nationale, Nassour Guelengdouksia. "Le Procureur auprès de la Haute Cour de Justice sera saisi dès demain (vendredi) des résultats du vote", a-t-il ajouté.
Des millions pour des cahiers
Au total, la responsabilité de six personnalités politques était étudiée. Les députés ont rejeté la mise en accusation des ministres Gata Ngoulou (Finances), du Dr Ngombaye Djaïbé (Santé publique) et de la Secrétaire d’Etat à l’Alphabétisation Khadidja Hassaballah.
Selon le rapport de la commission parlementaire chargée du dossier, dont l’AFP a obtenue copie, "les charges (de corruption) sont supposées déterminantes" pour les trois membres du gouvernement dont la mise en accusation a été acceptée, elle "ne sont pas supposées déterminantes" pour leurs trois collègues.
Ces six personnalités ainsi qu’un député du parti au pouvoir -dont l’immunité a été levée le 19 janvier- sont soupçonnées d’être impliquées dans des malversations dans l’attribution d’un marché public pour l’achat de manuels scolaires pour l’année 2009 pour un montant de 1,5 à 2 milliards de FCFA (de 2,29 à 3,05 millions d’euros).
Chasse à la corruption
Cette affaire a été révélée en octobre. En novembre, sur une demande du Premier ministre Youssouf Saleh Abbas, le Conseil des ministres s’était réuni en séance extraordinaire. Il avait donné son accord pour un décret autorisant la justice à "entendre, à titre de témoins", les six membres du gouvernement mis en cause.
D’après le rapport parlementaire, le commerçant ayant obtenu le marché aurait notamment versé au ministre de l’Education nationale via un intermédiaire 60 millions de FCFA (près de 91.500 euros), et 75 millions de FCFA au ministre secrétaire général du gouvernement (plus de 114.000 euros) via un intermédiaire.
Quant au secrétaire d’Etat aux Finances chargé du Budget, le commerçant "déclare lui avoir remis de l’argent à plusieurs reprises", ajoute le document, faisant état de "nombreux appels téléphoniques nocturnes" entre eux.
Le secrétaire général de la présidence de l’époque et alors numéro deux du parti au pouvoir, Haroune Kabadi, ainsi qu’un conseiller à la présidence et plusieurs hauts fonctionnaires avaient été à la même période inculpés pour "corruption" dans cette même affaire de pots-de-vin. Ils sont depuis écroués à la maison d’arrêt de N’Djamena. (avec AFP)
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