Union africaine : un sommet pour quoi faire?

Le sommet de l’Union africaine (UA) qui a débuté ce lundi 25 janvier à Addis Abeba devra aborder des sujets cruciaux pour le continent: crise économique, conflits politiques… Mais surtout, il devra se pencher sur la question de l’autonomisation de la Commission de l’UA, qui dépend encore trop des chefs d’Etat pour agir de manière vraiment efficace.

Le président de la Commission de l’Union Africaine Jean Ping, le 16 décembre 2009 à Copenhague © AFP

Le président de la Commission de l’Union Africaine Jean Ping, le 16 décembre 2009 à Copenhague © AFP

Publié le 25 janvier 2010 Lecture : 3 minutes.

Le 14e sommet de l’Union africaine, qui a commencé le 25 janvier, se déroule en trois temps. Il y a d’abord la réunion du Comité des représentants permanents (COREP) qui se tient du 25 au 26 janvier. Celui-ci est composé des ambassadeurs des Etats membres (représentants permanents et autres plénipotentiaires). Il agit sur ordre du Conseil exécutif (CE) dont il prépare les travaux. Le CE, qui se réunit du 28 au 29 janvier, est composé des ministres des Affaires étrangères ou de tous les autres ministres ou autorités désignés par les gouvernements des Etats membres. Il se retrouve en session ordinaire juste avant la Conférence de l’UA (le sommet proprement dit) qui rassemble les chefs d’Etat et de gouvernement (31 janvier – 2 février).

L’ordre du jour est cette fois extrêmement chargé. Car l’UA est déjà à un tournant de sa vie même si elle a moins de huit ans d’existence réelle (juillet 2002 – janvier 2010). Les chefs d’Etat se sont aperçu que la Commission de l’UA (CUA) n’a qu’un rôle de secrétariat général et qu’elle ne peut rien décider ou presque sans leur aval unanime. Pire, les commissaires sont tous élus par les chefs d’Etat et ils échappent à l’autorité du président de la CUA, en l’occurence Jean Ping. C’est parfois du chacun pour soi et il faut donc remettre de l’ordre dans la machine pour gagner en responsabilité et en efficacité.

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La réforme de l’institution est donc l’un des points les plus délicats du sommet de cette semaine et le restera probablement pour le prochain (fin juin – début juillet 2010). Plusieurs haut fonctionnaires de l’UA y travaillent depuis plusieurs mois, notamment le directeur de l’administration et du développement des ressources humaines, le Libyen Abdul-Hakim Elwaer, et le coordinateur de la transformation institutionnelle, le Béninois Jean-Marie Christian Agboton.

Augmentations des budgets

La réforme s’accompagnera évidemment d’une augmentation sensible du budget de l’ensemble des organes de l’UA (219 millions de dollars proposés pour 2010, contre 164 millions en 2009). La part des Etats africains dans le financement du Fonds de la paix devrait doubler, passant de 6 % à 12 % du budget opérationnel, soit de 4,1 à 10,8 millions de dollars (à cela s’ajoute les contributions généreuses des pays partenaires, notamment européens, de l’ordre de 30 millions de dollars).

Autre point délicat des discussions, les statuts et règlement du personnel. Le tiers du staff de l’UA travaille avec des contrats à durée déterminée (deux ans renouvelables), le deuxième tiers n’est engagé qu’à court terme alors que le troisième tiers constitue le staff permanent (venant pour la majeure partie de l’ancienne Organisation de l’unité africaine). Les revendications du personnel – qui portent sur la retraite, l’assurance maladie et les salaires – sont portées par le président du syndicat des salariés de l’UA, l’Algérien Elias Yala, interprète de profession. Il exclut tout mouvement de grève et milite pour le dialogue avec la CUA qui, on le sait, ne peut rien décider sans l’accord des chefs d’État…

Chantier le plus visible : une tour de 132 mètres pour la CUA
Le train-train des sommets comprend un examen – et souvent une adoption – de tous les documents déjà approuvés par les conférences ministérielles panafricaines, une vérification de l’état d’avancement des traités (ratification) et de l’activité des bureaux de représentations de l’UA (en Afrique et à l’étranger), une étude de la situation des réfugiés et déplacés en Afrique, des partenariats stratégiques avec les pays partenaires (Union européenne, Chine, Amérique latine…), etc… A cela s’ajouteront des thèmes spécifiques comme l’éducation pour tous, sur proposition de la Sierra Leone, ou encore les technologies de l’information et l’impact de la crise économique mondiale sur l’Afrique, avec deux éminents intervenants : le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, et le président de la Banque africaine de développement, Donald Kaberuka.

Enfin, les sujets chauds ne manqueront pas tant les conflits politiques sont nombreux actuellement, de la Guinée à l’océan Indien (Comores, Madagascar, Somalie) en passant par la région des Grands lacs, le Soudan (le Sud, le Darfour) et ses voisins (le Tchad, la Centrafrique). Connu sous le nom de « rapport Mbeki », l’un des documents les plus volumineux – il comporte 146 pages concerne le Darfour. Mais le dossier dont l’état d’avancement est le plus visible concerne le chantier de la construction du nouveau siège de la CUA, avec une tour de 132 mètres érigée par une entreprise chinoise grâce à un don de Pékin d’un montant de 150 millions de dollars. L’inauguration est prévue en janvier 2012…

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Retrouver la grande interview de Jean Ping dans le numéro de jeune Afrique en kiosques du 24 au 30 janvier 2010.
 

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